Page:Say - Cours complet d'économie politique pratique.djvu/75

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formes un peu plus familières que celles d’un livre didactique, comme étant favorables à des explications qu’on veut rendre aussi nettes qu’il est possible. Les nombres dont je fais mention sont en général exprimés en sommes rondes, les seules qui présentent une idée à une assemblée réunie pour entendre une explication orale. Des nombres ronds ont toute l’exactitude nécessaire pour servir à des exemples ; et les nombres fournis par les recherches de la statistique, ont rarement une exactitude assez grande, pour ne pas permettre qu’on prenne une semblable liberté à leur égard. Je doute qu’après des dénombremens, même plus parfaits que ceux que nous avons, personne sache, à un million d’âmes près, quelle est, à une époque donnée, la population de la France. Heureusement qu’il n’est pas nécessaire de le savoir mieux pour établir des principes très-certains et très-utiles au sujet de la population.

C’est à la fin de l’ouvrage que je traite de plusieurs sujets qui ont une connexité intime avec l’économie des nations, parce qu’il faut savoir l’économie politique, pour apprécier convenablement ces connaissances accessoires. On ne peut bien comprendre l’usage qu’on peut faire des données de la statistique, que lorsqu’on connaît bien l’économie du corps social. C’est alors seulement qu’on distingue les données qu’il est possible d’acquérir, de celles qui ne méritent aucune créance ; celles qui ne sont que curieuses, de celles dont on peut se servir utilement ; celles dont on peut tirer des inductions importantes, de celles qui ne prouvent rien.

Telle est encore l’histoire des progrès de l’économie politique. L’histoire d’une science fait connaître l’époque où l’on a constaté les principales vérités dont elle se compose, et la manière dont on y est parvenu. Or, ces notions ne peuvent avoir d’intérêt qu’après l’exposé des vérités elles-mêmes ; c’est alors seulement qu’on peut juger de l’importance des hommes et des travaux auxquels on en est redevable. C’est d’ailleurs une occasion de retracer sommairement les principes dont les preuves ont été fournies dans le courant de l’ouvrage. L’auditeur ou le lecteur est alors en état de porter un jugement sur les progrès véritables ; comme sur les mauvaises directions qu’on a prises quelquefois, et les fautes qui en ont été la suite.

Les efforts qui ont été faits chez les peuples actuellement les plus civilisés du monde, pour s’initier dans les principes de l’économie politique, et même les faux pas qu’on a faits dans cette carrière, sont une preuve du vif intérêt qu’inspire ce genre d’étude, et de l’importance qu’on y attache. Plus on parviendra à la simplifier, à la rendre facile, et plus elle se