Page:Say - De l’Angleterre et des Anglais.djvu/10

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Bristol, dans le même espace de temps, est monté de 63 mille, à 76 mille âmes.

L’établissement de bassins et de magasins, francs de droits de douane dans tous ces ports[1], facilitait la distribution en Europe, des marchandises qui y arrivaient de tous les coins du monde ; et les draw-backs, ou restitutions de droits, encourageaient l’exportation

  1. Les gros droits que payent presque toutes les marchandises à leur entrée en Angleterre, et qui forment une part importante des revenus de son fisc, auraient souvent empêché tout commerce, s’il avait fallu que le négociant fît l’avance de ce droit à l’entrée de son navire dans le port. C’est une grande difficulté que d’être obligé de trouver sur-le-champ, outre les avances que le commerce exige, et avant d’avoir rien vendu, cent mille francs plus ou moins pour payer les droits d’une cargaison qui arrive. Mais quand le Gouvernement admet la marchandise dans un port ou dans un magasin francs, les acheteurs s’y présentent, et à mesure qu’une partie de marchandise est vendue et qu’elle sort de l’enceinte franche, on en paye les droits avec plus de facilité.

    D’un autre côté, l’esprit de la législation anglaise, n’imposant que peu ou point de droits sur les marchandises qui arrivent du dehors pour être réexportées, afin que ces marchandises puissent dans l’étranger, soutenir la concurrence des autres nations, les négocians, s’il n’y avait pas de magasins francs, seraient dans la nécessité de payer, sur ces marchandises le droit d’importation, sauf à se le faire rembourser lorsqu’elles ressortent ; ce qui entraînerait une multitude d’inconvéniens. Dans les magasins francs, elles sont déchargées, vendues, rechargées, et expédiées, sans avoir rien à démêler avec les douanes.

    C’est dans ce but qu’à Londres, par exemple, on a creusé de main d’hommes trois ports artificiels entourés de magasins et de murs, l’un pour les vaisseaux des Indes, l’autre pour ceux des Antilles, l’autre pour des commerces divers, dont chacun vaut un port de mer considérable, et où moyennant une modique rétribution, les navires peuvent entrer et ressortir pourvu, que ce soit pour aller à l’étranger, sans payer de droits de douanes. La douane n’exerce ses droits que sur ce qui sort de leur enceinte, pour être versé dans la consommation intérieure.