Page:Say - Lettres à M. Malthus sur l’économie politique et la stagnation du commerce.djvu/144

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outil plus compliqué et plus puissant que les aiguilles, mais du reste employant avec plus ou moins d’avantage les propriétés du métal, la puissance du levier, pour fabriquer les vêtemens dont nous couvrons nos pieds et nos jambes ?

La question se réduit donc à ceci : est-il avantageux pour l’homme de mettre au bout de ses doigts, un outil plus puissant, capable de faire beaucoup plus d’ouvrage, ou de le faire mieux, plutôt qu’un outil encore grossier, imparfait, avec lequel il travaille plus lentement, plus péniblement et plus mal ?

Je croirais faire injure à votre bon sens, à celui de nos lecteurs, si je doutais un instant de la réponse.

La perfection de nos outils, monsieur, est liée à la perfection de notre espèce. C’est elle qui établit la différence qu’on observe entre nous et les sauvages des mers australes, qui ont des haches de caillou, et des aiguilles à coudre faites avec des arêtes de poisson.