Page:Say - Lettres à M. Malthus sur l’économie politique et la stagnation du commerce.djvu/155

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mède, venant se promener dans une de nos villes modernes ; ils se croiraient environnés de miracles. L’abondance de nos cristaux et de nos vitres, nos grands miroirs et leur multiplicité, nos horloges, nos montres de poche, la variété de nos tissus, nos ponts de fer, nos machines de guerre, nos bâtimens de mer, les surprendraient au-delà de toute expression. Et s’ils entraient dans nos ateliers, quelle foule d’occupations dont ils ne pouvaient pas avoir la moindre idée ! Se douteraient-ils seulement que trente mille hommes travaillent en Europe toutes les nuits à imprimer des gazettes qu’on lit le matin en prenant du thé, du café, du chocolat ou d’autres alimens tout aussi nouveaux pour eux que les papiers-nouvelles eux-mêmes ? N’en doutons pas, monsieur ; si les arts se perfectionnent encore, comme je me plais à le croire, c’est-à-dire produisent plus à moins de frais, de nouveaux millions d’hommes dans quelques siècles produiront des choses qui