Page:Say - Lettres à M. Malthus sur l’économie politique et la stagnation du commerce.djvu/66

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C’est ici, monsieur, que se placent vos objections. Si les produits augmentent, dites-vous, ou si les besoins diminuent, les produits tomberont à trop bas prix pour pouvoir payer les travaux nécessaires à leur confection[1].

Avant de vous répondre, monsieur, je vous préviens que, si, par condescendance,

  1. Pour qu’on ne m’accuse pas d’avoir dénaturé le sens de l’estimable professeur, en cherchant à le resserrer et à le rendre plus clair, je crois devoir donner en note la traduction exacte de ses passages.

    « Si les marchandises ne devaient être comparées et échangées que les unes avec les autres, il serait alors vrai que, pourvu qu’elles augmentassent suivant des proportions convenables, elles pourraient, quelle que fût leur augmentation, conserver la même valeur relative. Mais, si nous les comparons, comme nous le devons, avec le nombre et avec les besoins des consommateurs, une grande augmentation de produits avec un nombre stationnaire de consommateurs et des besoins réduits par la parcimonie, occasionneront de a toute nécessité une grande chûte dans la valeur des produits estimée en travail, tellement que le même produit qui aura coûté le même travail qu’auparavant, ne pourra plus en acheter la même quantité. Pag. 355.

    On avance qu’une demande effective n’est autre « chose que l’offre effective que l’on fait d’une marchandise en échange d’une autre. Mais est-ce bien là tout ce qui est nécessaire pour une demande effective ? Quoique chacune des marchandises puisse avoir coûté, pour sa production, la même quantité de travail et de capital, et qu’elles puissent équivaloir l’une à l’autre, cependant elles peuvent, toutes les deux, être abondantes au point de ne pouvoir acheter plus de travail qu’elles n’en ont coûté, ou du moins de n’en pouvoir acheter que très-peu au-delà de ce qu’elles en ont coûté. Dans ce cas la demande serait-elle effective ? Suffirait-elle pour engager à continuer la production ? Indubitablement NON. » Ibid.