Page:Say - Lettres à M. Malthus sur l’économie politique et la stagnation du commerce.djvu/79

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mateurs improductifs viendraient à disparaître, ce qu’à Dieu ne plaise, il n’y aurait pas pour un sou de débouchés fermés.

Je ne sais pas mieux sur quel fondement vous décidez (page 356) que la production ne peut se continuer si la valeur des marchandises ne paie que peu de travail au-delà de ce qu’elles ont coûté. Il n’est nullement nécessaire que le produit vaille au-delà de ses frais de production, pour que les producteurs soient en état de continuer. Lorsqu’une entreprise commence avec un capital de cent mille francs, il suffit que le produit qui en sort, vaille cent mille francs, pour qu’elle puisse recommencer ses opérations. Et où sont, dites-vous, les profits dès producteurs ? Le capital tout entier a servi à les payer[1] ; et c’est le prix qui en a été payé,

  1. Quelques personnes s’imaginent que, lorsqu’on emploie un capital dans une entreprise, la portion de ce capital qui est employée à l’achat des matières premières, n’est pas employée à l’achat de services productifs. C’est une erreur. La matière première elle-même est un produit qui n’a d’autre valeur que celle qui précédemment y a été répandue par les services productifs, qui en ont fait un produit, une valeur. Quand la matière première est de nulle valeur, elle n’emploie aucune partie du capital ; quand il faut la payer, ce paiement n’est que le remboursement des services productifs qui lui ont donné de la valeur.