Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/335

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lequel l’utilité d’un objet ne vaut pas ce qu’elle coûte, le sens dans lequel le mot utilité doit être pris est tout-à-fait différent de celui qu’un lui donne communément. Dans le nouveau sens que vous lui donnez, vous seriez forcé d’avouer que la quantité de nourriture, qui vaut, suivant le cours du jour, 1000 livres sterling, n’est pas plus utile qu’un diamant du même prix, et partout, excepté dans le cas d’un don gratuit de la nature, la signification des mots utilité et valeur se trouverait identique.

Or, ce langage me semble non-seulement contraire à l’usage commun, mais tout-à-fait incommode. Si l’on employait ainsi les termes utile et utilité, comment pourrait-on exprimer ce que nous avons souvent occasion d’exprimer, je veux dire la différence essentielle qui existe entre ce qui peut véritablement rendre un service à tous les hommes, et ce qui a simplement un prix élevé et ne peut satisfaire que les caprices d’un petit nombre d’hommes ? Je conviens que tout ce qui peut passer pour une richesse, tout ce qui a du prix, a une sorte d’utilité, et qu’on peut en tirer parti ; et je n’aurais aucune objection contre cette proposition, que la production n’est qu’une production d’utilité, si elle ne conduisait pas à cette conséquence, que le prix et la valeur sont la mesure