Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/478

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devenaient intolérables, être renversés par la fureur populaire, par leurs propres satellites : tandis que Torquemada et l’inquisition ont massacré, torturé, brûlé des créatures humaines par centaines de milliers ; ils ont semé l’effroi dans les relations de l’amitié, dans l’intimité des familles, et n’ont jamais couru de risques. S’ils ont mis quelque borne à leur rage, c’est par suite des progrès du reste de l’Europe, c’est-à-dire des pays où l’opinion était un peu plus éclairée, parce que les questions y étaient un peu mieux débattues.

Pour qu’une nation puisse consulter le principe de l’utilité, il faut donc qu’elle puisse discuter ses institutions, en peser les conséquences, bonnes ou mauvaises.

Je citerai comme exemple d’une pareille discussion l’opinion de deux auteurs qui tous deux ont visité l’Italie ; tous deux l’ont vue avec des yeux très-éclairés, avec une rare sagacité et une bonne foi que personne n’a contestée. Ils ont néanmoins porté sur les conséquences de l’établissement sacerdotal en Italie deux jugemens opposés entre eux, et qu’il peut être piquant de rapprocher. Voici ce que madame de Staël pense des cérémonies fastueuses du culte telles qu’on les pratique à Rome ;