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l’homme, des influences que je crois très-fâcheuses.

On convient généralement aujourd’hui parmi les personnes qui font quelqu’usage de leur raison, que c’est lui mauvais moyen de rendre les enfans sages, que de les menacer du loup ou du diable. On s’est apperçu que cette pratique peuple leur imagination de fantômes, qu’elle fausse leur jugement, rend leur ame timide, et par conséquent incapable de sentimens grands et généreux, et enfin que cette espèce d’argument n’étant pas susceptible de démonstration, son autorité s’affoiblit au lieu de s’accroître, et laisse l’esprit dépourvu de motifs plus solides pour se bien conduire. Eh bien, pourquoi faudrait-il employer dans l’éducation des hommes, un moyen reconnu si mauvais dans celle des enfans ?

En second lieu, l’homme ne peut donner qu’une certaine dose d’attention aux choses dont il s’occupe ; si l’on multiplie le nombre de ses devoirs, on diminue nécessairement le soin qu’il peut donner à l’accomplissement de chacun ; alors on voit des pratiques ridicules tenir la place d’obligations essentielles. « Nos prédicateurs, dit Voltaire avec le trait qui le caractérise, prouvent en trois points et par antithèses, que les dames qui étendent légère» ment un peu de carmin sur leurs joues, seront l’objet des vengeances de l’Éternel ; que Po-