Page:Say - Olbie.djvu/109

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nerait, dit-il, que vous êtes assemblés dans une église chrétienne, non dans le Panthéon de Rome.

Aucune religion ne fait consister la suprême vertu dans le bien qu’on fait aux autres ; ce n’est qu’un précepte accessoire dans toutes ; le précepte essentiel est l’attachement au dogme, à la foi, à la secte, en un mot, et à ses rites. Elles vous disent, faites le bien, d’accord ; mais sur-tout soyez fidèles à votre croyance : quiconque ne croit pas, est un l’éprouvé, un libertin, un scélérat auquel il est dangereux de se fier[1].

Lorsque le dogme renferme des articles évidemment absurdes, l’absurdité ne tarde pas à

  1. La raison en est simple : le soin principal de chaque secte est et doit être de se conserver ; aucun individu, aucun corps n’a jamais placé le soin de sa conservation en seconde ligne.

    On voit dans saint Cyprien que de son temps (et c’était le beau temps de l’église chrétienne) les disciples du Christ étaient beaucoup plus loués par les chefs de leur secte pour leur foi et leur attachement aux dogmes, que pour la moralité de leurs actions : l’hérésie, l’apostasie attiraient toutes les foudres de l’église ; la violation des simples règles de la morale, n’exposait qu’à des réprimandes, à des exhortations. Ce système s’est perpétué jusqu’au milieu du dix-huitième siècle, où l’on a commencé à négliger le dogme en faveur de la morale ; mais cette négligence même était une atteinte portée à la religion.