Page:Say - Olbie.djvu/139

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peut-il se glorifier d’un habit galonné, une femme de ses dentelles, de ses bijoux ? Y a-t-il une seule personne qui puisse confondre ces babioles avec le mérite personnel, seul avantage dont on puisse raisonnablement être glorieux ? Ces philosophes, très-estimables dans leur but, n’ont pas vu que ces avantages étaient du même genre que tous ceux dont les hommes se glorifient ; ils sont fiers de tout ce qui augmente leur influence personnelle. Or cette influence se compose de la force et de la beauté du corps (quoiqu’à un faible degré dans les sociétés policées), des talens, des places, de la fortune ; et comme les objets de luxe sont les marques d’une grande fortune, on est fier de porter des galons, des diamans, d’étaler de somptueux équipages, et de donner des repas splendides, de même qu’on est fier de ses emplois ou de ses talens ; plus le pouvoir et les talens sont incontestables, solides, et moins ils ont besoin de ces marques extérieures : aussi les dédaignent-ils souvent ; mais la médiocrité en fait grand cas. C’est dans la nature des choses.

La tâche du législateur moraliste est donc, non de sévir contre l’ostentation, ce qui ne la détruira pas ; mais d’arranger les choses de manière que la richesse, dont le faste est l’enseigne, ait moins de pouvoir qu’elle n’en a ; alors on sera moins tenté d’en faire étalage.

L’entreprise est difficile, mais n’est pas im-