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Page:Say - Olbie.djvu/142

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merce, donne des produits plus ou moins considérables, mais qui ne sont jamais sans bornes ; on ne saurait consommer dans ce pays que ce que lui rapportent son sol et son industrie ; et s’il s’y trouve des personnes qui y fassent une consommation surabondante des produits du sol ou de l’industrie, ce sera aux dépens d’autres personnes qui éprouveront des privations proportionnées. C’est la raison pourquoi le luxe et la misère marchent toujours ensemble.

Je suppose, pour exemple, que chez un peuple, un certain nombre de personnes s’adonnent, les unes à une profession, les autres à une autre, mais toujours à une profession utile ; ce pays sera abondamment pourvu de choses utiles. Mais voilà que l’envie de briller s’y introduit, et que la mode de galonner les habits se répand parmi les habitans les plus riches. Qu’arrive-t-il ? une portion de chaque classe d’ouvriers, se met à faire des galons : ainsi au lieu de cent mille ouvriers qui fabriquaient de bon drap ou bien du linge, il n’y en a plus que quatre-vingt mille qui suivent cette occupation. Cependant les gens aisés ne veulent pas en avoir une chemise ou un habit de moins ; il faut donc qu’une portion des habitans aille vêtue de guenilles et se passe de chemises. La conséquence est nécessaire[1].

  1. Dans ce cas, le nombre de bras employés aux manufactures de toiles et de draps diminuant, le prix