N’ayant pas la prétention de donner dans cet écrit un traité d’éducation plus qu’un traité de morale, je suis forcé de supposer que les principes d’une bonne éducation sont connus. Ils ont été discutés et établis par de grands maîtres, à la tête desquels on peut compter, parmi les modernes, Montaigne, Locke et Rousseau. Montaigne, esprit juste, philosophe érudit, mais écrivain peu méthodique, a laissé échapper dans ses admirables causeries, le germe des idées recueillies par les deux autres. Locke a lié, complété cette doctrine, l’a étendue à tous les cas : mais son livre est sec et minutieux ; il n’attaque pas les préjugés de toutes les sortes, et l’on y chercherait vainement le charme de style qui fait lire l’Émile de Rousseau, non plus que cette éloquence du sentiment, qui est la raison pour les esprits faibles, et qui, jointe à la raison, fait les délices des esprits éclairés. Aussi le livre de Jean-Jacques, malgré un petit nombre de paradoxes, qu’il y soutient peut-être avec trop de prédilection,