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Page:Say - Petit volume contenant quelques aperçus des hommes et de la société, 1818.djvu/161

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Voyager ne sert de rien aux personnes à qui l’éducation manque tout-à-fait : elles ne sont point habituées à s’élever d’une observation particulière à une pensée générale. C’est un avantage auquel les esprits supérieurs savent aisément suppléer : la lecture et la conversation les mettent en contact avec tous les pays, comme avec tous les tems. Mais à qui les voyages sont utiles, c’est aux esprits ordinaires dont ils font toute la philosophie, parcequ’ils présentent des objets sensibles à des gens qui ne savent pas faire usage de l’induction, et qui ne considèrent les raisonnemens que comme du bavardage, parceque les mots n’ont pas le pouvoir de les faire penser.