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Page:Say - Traité d’économie politique, III, 1826.djvu/315

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Il résulte de là que les plus grands progrès de l’industrie consistent dans l’art d’employer les instrumens naturels dont il ne faut pas payer le concours.

Si les instrumens naturels appropries, comme les terres, n’étaient pas devenus des propriétés, on serait tenté de croire que les produits seraient moins chers, puisqu’on n’aurait pas besoin de payer le loyer de ces instrumens à leur propriétaire. On se trompe. Personne ne voudrait faire les avances nécessaires pour les mettre en valeur, dans la crainte de ne pas rentrer dans ses avances ; ils ne concourraient à aucun produit, et les produits pour lesquels leur concours est nécessaire, n’existeraient pas ; ce qui équivaudrait à une cherté infinie, car rien n’est plus cher que ce que l’on ne peut avoir pour aucun prix.

Les facultés industrielles sont des instrumens appropriés qui sont en partie donnés gratuitement par la nature, comme la force et les talens naturels, et qui sont en partie un capital, comme la force et les talens acquis.


Intérêt[1]. Loyer d’un capital prêté ; ou bien, en

  1. Intérêt de l’argent est une expression vicieuse, parce que cet argent, qui a été prêté et transformé en matières premières ou en machines, ne paie plus aucun intérêt et cesse même quelquefois d’être une valeur capitale. C’est la valeur des matières premières et des machines qui supporte alors un intérêt. C’est l’usage de cette valeur qu’on emprunte ; c’est cette valeur dont l’intérêt est le loyer. L’abondance ou la rareté de l’argent, ou de la monnaie, n’influe pas plus sur le taux de l’intérêt, que l’abondance ou la rareté du plomb, du cacao, ou de toute autre denrée. (Voyez Capital.)