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LIVRE PREMIER. — CHAPITRE XVII.

d’argent, n’en auraient pas si l’Amérique n’avait pas été découverte. Mais il ne faut pas estimer cet avantage au-delà de sa véritable valeur : il y a des utilités supérieures à celles-là. Le verre des vitres qui nous défendent contre les rigueurs de l’hiver, nous est d’un bien plus grand service que quelque ustensile d’argent que ce soit. On ne s’est pourtant jamais avisé d’en favoriser l’importation ou la production par des faveurs spéciales.

L’autre usage des métaux précieux est de servir à la fabrication des monnaies, de cette portion du capital de la société, qui s’emploie à faciliter les échanges que les hommes font entre eux des valeurs qu’ils possèdent déjà. Pour cet usage, est-il avantageux que la matière dont on se sert soit abondante et peu chère ? La nation où cette matière abonde est-elle plus riche que celle où cette matière est rare ?

Ici je suis forcé de regarder comme déjà prouvé un fait qui ne le sera que dans le chapitre 23, où je traite de la valeur des monnaies. C’est que la somme des échanges qui se consomment dans un pays exige une certaine valeur de marchandise-monnaie, quelle qu’elle soit. Il se vend en France chaque jour pour une certaine valeur de blé, de bestiaux, de combustibles, de meubles et d’immeubles ; toutes ces ventes réclament l’usage journalier d’une certaine valeur en numéraire, parce que c’est d’a-