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DE LA PRODUCTION DES RICHESSES.

d’ailleurs et de lumières et d’esprit ? C’est, disons-le, parce que les premiers principes de l’économie politique sont encore presque généralement ignorés ; parce qu’on élève sur de mauvaises bases des raisonnemens ingénieux dont se paient trop aisément, d’une part, les passions des gouvernemens (qui emploient les prohibitions comme une arme offensive ou comme une ressource fiscale), et d’une autre part l’avidité de plusieurs classes de négocians et de manufacturiers qui trouvent dans les priviléges un avantage particulier, et s’inquiètent peu de savoir si leurs profits sont le résultat d’une production réelle ou d’une perte supportée par d’autres classes de la nation.

Vouloir mettre en sa faveur la balance du commerce, c’est-à-dire, vouloir donner des marchandises et se les faire payer en or, c’est ne vouloir point de commerce ; car le pays avec lequel vous commercez ne peut vous donner en échange que ce qu’il a. Si vous lui demandez exclusivement des métaux précieux, il est fondé à vous en demander aussi ; et du moment qu’on prétend de part et d’autre à la même marchandise, l’échange devient impossible. Si l’accaparement des métaux précieux était exécutable, il ôterait toute possibilité de relations commerciales avec la plupart des états du monde.

Lorsqu’un pays vous donne en échange ce qui vous convient, que demandez-vous de plus ? Que peut l’or davantage ? Pourquoi voudriez-vous avoir de l’or, si ce n’est pour acheter ensuite ce qui vous convient ?

Un temps viendra où l’on sera bien étonné qu’il ait fallu se donner tant de peine pour prouver la sottise d’un système aussi creux, et pour lequel on a livré tant de guerres.

Fin de la Digression sur la Balance du Commerce.