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DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

qu’il est permis de tirer d’un pays une marchandise quelconque (et cette exportation y est toujours vue avec faveur), on tire de ce pays, sans difficulté, tous les revenus et tous les capitaux qu’on y perçoit. Pour qu’un gouvernement pût l’empêcher, il faudrait qu’il pût interdire tout commerce avec l’étranger ; et encore, il resterait la fraude. Aussi est-ce une chose vraiment risible, aux yeux de l’économie politique, que de voir des gouvernemens enfermer dans leurs possessions le numéraire dans la vue d’y retenir les richesses.

S’ils parvenaient à clore leurs frontières de façon à intercepter la sortie de toutes les choses qui ont une valeur, ils n’en seraient pas plus avancés ; car les libres communications procurent bien plus de valeurs qu’elles n’en laissent échapper. Les valeurs ou les richesses sont fugitives et indépendantes par leur nature. On ne saurait les enfermer ; elles s’évanouissent au milieu des liens, et grandissent en pleine liberté.

CHAPITRE XI.

De la Population dans ses rapports avec l’économie politique.

§ I. — Comment la quantité des produits influe sur la population des états.

Après avoir observé, dans le premier Livre, comment se forment les produits qui satisfont aux besoins de la société, et, dans celui-ci, comment ils se répandent parmi ses différens membres, observons de plus quelle influence ils exercent sur le nombre des personnes dont la société se compose, c’est-à-dire sur la population.

Dans ce qui concerne les corps organisés, la nature semble mépriser