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TURGOT

Ceux qui ne pouvaient faire ces frais étaient réduits à n’avoir qu’une existence précaire, sous l’empire des maîtres ; à languir dans l’indigence ou à porter à l’étranger une industrie qu’ils auraient pu rendre utile à leur pays.

Les citoyens de toutes les classes étaient privés du droit de choisir les ouvriers qu’ils auraient voulu employer, et des avantages qu’ils auraient trouvés dans la concurrence pour le bas prix et la perfection du travail. On ne pouvait souvent exécuter l’ouvrage le plus simple qu’en s’adressant à des ouvriers de communautés différentes, et, l’on avait à essuyer les lenteurs, les infidélités, les exactions que favorisaient les prétentions de ces différentes communautés et les caprices de leur régime arbitraire et intéressé, « Ces abus se sont introduits par degrés. Ils sont originairement l’ouvrage de l’intérêt des particuliers qui les ont établis contre le public. C’est après un long intervalle de temps que l’autorité, tantôt surprise, tantôt séduite par une apparence d’utilité, leur a donné une sorte de sanction. La source du mal est dans la faculté même accordée aux artisans d’un même métier de s’assembler et de se réunir en un corps. » Le préambule montre que les corporations sont nées avec les communes. Lorsque les villes commencèrent à s’affranchir de la servitude féodale et à se former en communes, la facilité de classer les citoyens en raison de leur profession introduisit cet usage inconnu jusqu’alors. « Les différentes professions devinrent ainsi comme autant de commu-