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Nord, où existait, comme aux Orcades, la méthode Scandinave de l’t-valuation des terres en argent, mark et œre. Un thanage ou un davock était partagé en i ploughgate^, terres de charrue, ou (ref’s, correspondant au baille ou bally de l’Irlande. Dans le nord-est de l’Ecosse, un de ces Plowjhtjutes contenait 8 oxgangs, comme le hidc eu Angleterre  ; on Dalriade, le davoch contenait 20 pennylaruh. Comme cela existe aujourd’liui, le toituship, dans les Hi  :.’hlauds, doit plutôt être comparé à une propriété qu’à un village teutonique. Il est afl’ermé tantôt à un seul tenancier, tantôt à un groupe de tenanciers solidaires. D’abord l’étendue des terres cultivables d’un township des Highlands diffère sensiblement d’un village teutonique qui est en étendue moyenne de onze cents acres  ; le champ inté- rieur ne mesure en moyenne que 90 acres dont une vingtaine seulement sont culti- vables. Ce sont les petits fermiers établis sur ces townships, les crofters, dont la position a été si misérable que le gouvernement s’est trouvé obligé, exceptionnellement, de légi- férer à leur sujet (V. Lois aguaikes).

Dans tous ces pays de race celtique, les habitations se groupaient souvent par 4, 6, 12, 16, mais non sous la forme de villages avec de grands champs communs. Les familles cultivaient parfois des terres distribuées en longues bandes, et qui existent souvent en- core, les runrig ou rundalc, dans l’Ecosse et dans l’Irlande  ; et elles utilisaient aussi, en commun, les terres incultes  ; parfois elles changeaient de lot les unes avec les autres, tous les ans ou tous les trois ans  ; il y avait même un système très développé de coopé- ration en labourage, dans le pays de Galles, par exemple, mais, dans cette cohabitation, il n’avait rien du grand village régulier teu- tonique. Les cartes topographiques sont, à ce sujet, absolument décisives.

L’ouest de la France, toujours celtique, se caractérise aussi par des fermes entièrement séparées. Pour toute la Gaule, M. d’Arbois de Jubainville suppose qu’à l’origine les propriétés étaient publiques, appartenaient aux tribus, mais étaient plus particulière- ment entre les mains de l’aristocratie. Plus tard, lorsque la propriété s’est développée, sous l’influence romaine, le fundus (fonds de terre) a appartenu à la villa, à l’habitation. Cette propriété porte souvent le nom de la famille, suivi de la désinence acus.

Le régime des terres en Provence (l’an- cienne Proiincia des Romains) était entière- ment romain.

Les excavations de Bibracte ont mis à jour des vestiges de grands bâtiments, qui rappel- lent les grandes maisons familiales de l’Ir-


CUL( ).MSATION ANCIEN.NK

lande’. Les anciennes institutions des Celtes ont aussi laissé b-ur empreinte sur les com- munautés que l’on a connues dans les pro- vinces les plus celtiques de la France, le Ucrry, la Marche, le Bourbonnais, le Niver- nais, l’Auvergne, enfin la Bretagne. Il est encore parlé de ces communautés « taisibles -> dans certains des cahiers de la Constituante. Elles ont été dissoutes au xvn’= siècle  ; mais il en restait des traces au milieu du xix^  ; on trouvait encore, à cette époque, des paysans qui cultivaient et vivaient en commun et, parfois même, habitaient la même maison. Ces institutions n’ont rien à voir avec le vil- lage teutonique.

On suppose que la superficie de la tribu celtique était en moyenne de seulement ’.) milles géographiques contre 30, pour le petit peuple teutonique du Gau, et 50 à 100, pour la tribu slave. La tribu celtique peut donc être regardée comme intermédiaire entre la centaine et la tribu teutoniques.

t . Nous connaissons la situation de l’ancienne Irlande el du pays de Galles par les anciennes Triades, phrases versifiées contenant des pensées épigrammatiques sur la vie, et formu- lant des règles qui servaient de lois. On les a écrites dans le pays de Galles au xiv siècle, et il y eu a qui ont une cer- taine valeur. En Irlande, elles sont déjà conservées dès le IX’ siècle, surtout, dit-on, par ordre du savant roi Cormac. de 903 à 908 -,11 en existe deux collections, appelées Brelion Laus, d’après les savants juristes irlandais héréditaires, les Bréhons, l’une Aicill, du x’ siècle, et l’autre Senchus moor du XI’ siècle  ; elles servirent de lois jusqu’au xvii= siècle. V. Ancient Laws and Instilutes of Ireland, publié par le gouvernement en 1805  ; Ancient Lau}S and Instilutes ofWales, publié par Aneurin Owen, en 1841 (V. Lois agbaibes) . Comme autres anciennes sources  : Gildas, clerc gsMlo’is, Epistolx aux rois et au cleryé des Bretons, 517, et son Liber rjuerulus de exidio Britannix, 560, histoire des Bretons  ; — Nennius, His- toria Britonurn, compilation de textes anciens faite en 950. ."^ur l’Irlande, beaucoup de renseignements nous sont fournis par la série des anciennes chroniques  : Annales Eibernici et ChronicoH Scotorum de l’abbé Tigernach (108S)  ; — les Four Alasters par Cléry et trois autres clercs  ; — Annales Inisfallenses  ; — Annales de Locti-Cé  ; — Three fragments  ;

— The wars of the Gaill and the Gaidheal (guerres entre les Irlandais et les Scandinaves), dans la forme actuelle par Donald Mac Firbis, historien héréditaire, vivant dans la pre- mière partie du .\vii« siècle. — Le poème cité, la. Bataille de Marjh Lena, est publié par M. 0’ Donovan dans le Liber Hym- noruni  ; — Galfred of Monmouth, De gestis rerum Britannix, avant 1139  ; — Brut y Tyiwygion, ou l’histoire des Princes de Galles  ; — l’évèque Giraldus Cambrensis, d’après ses voyages  : Cambrix descriptio -, De illandabilibus Wallix  ; Topoyraphia. — Tous ces écrits sont maintenant publiés, en d’excellentes éditions, qui ont été faites aux frais publics.

— V. aussi National Manv^scripts of Scotland.ei les3.ticïins lii«toriens écossais John of Fordurn et Hector Doece  ;

Sir John Davies, attorney général de l’Irlande, dans Calen- dar of the State Papers, 1606-1608, publiés en 1874, et ffis- torical Tracts or Discovery of the State of Ireland, 1612  ;

— 0" Curry, Alanners and Customs of the ancient Irish, 1S73  ; — W. E. Jlontgomery, The History of Land Tenure in Ireland, 1889  ; — A. Skene, Celtic Scotland, a history of nncient Alban  ; — R. W. Cochran Patrick, Medixval Scot- ’and, 1892  ; — Duke of Argyll, Scotland as it icas and as it is. — Enfin Seebohm et autres, déjà cités  ;

D’Arbois de Jubainville, Recherches sur Vorigine de la propriété foncière et les noms des lieux habités en France, période celtique et période romaine, 1860  ; — Nombre d’arti-


COLONISATION