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ANCIl-NNK — ’X> — COLOMSATIUN AN’CIENNE


MiMiic il l’époque de coluiii.salioii, il cst souvent cUnicile de décider la pari de la na- ture dans cette remarquable dill’érence, entre les deux systèmes d’élublissement.

Les fermes séparées se rencontrent spécia- lement dans les montagnes qui laissent peu déplace pour les villages, etsur les côles ma- récageuses, où les ditlicultés d’un coup de main rendent moins nécessaire pour la sé- curité la création des villages. Dans les plaines du Danemark et de la Suède, comme dans le sud de la >’orvège, il y a des villages  ; dans les forêts de la Suède septentrionale, et dans la plus grande partie de la Norvège, il y a des fermes séparées. Ces dernières parties de la Scandinavie ont été colonisées relati- vement tard, et il a été émis des théories spé- ciales qui tendent à prouver que cette colo- nisation fut le résultat d’une immigration spéciale (MM. Keyser et P. A. Munch, en Norvège). Le principe premier de cette théorie, à savoir, qu’une immigration aurait eu lieu par le nord du golfe de Bothnie, est dénué de vraisemblance  ; mais, d’après les objets trouvés, les traditions et les traits ethnogra- phiques, des relations ont sans doute existé entre l’Allemagne du Nord-Ouest et la Nor- vège du Sud-Ouest, par le Jutland. Dans une partie du Jutland occidental, on trouve éga- lement des fermes séparées  ; mais, là aussi, la pauvreté du pays s’oppose déjà au système de culture par village. Les différences sont palpables  ; mais il est biendiflicile de savoir ce qui est dû à la nature et ce qui est dû aux coutumes originales de la population. Certains auteurs pensent que, même sur les côtes de la mer du Nord, à partir de l’Olden- bourg et plus au sud, l’habitation en fermes séparées ne serait apparue qu’après l’éta- blissement des digues par Charlemagne  ; Pline parle d’habitations sur les lieux élevés et parait indiquer des villages. Le caractère de la maison dépend aussi, en grande partie, du climat et du matériel de constx^uction. Malgré tout, M. Meitxen est encore celui qui parait avoir formulé, sur ces matières, les meilleurs arguments.

Dans l’Allemagne du Sud, des Celtes plus ou moins romanisés et des Rhétiens culti- vaient les trois provinces Vindelicia, Rhetia et Noricum. Nous ne parlerons pas ici des Suèves de l’Arioviste, c’est-à-dire les Vangio- ners, Némètes et lesTribocci dans l’Alsace et le Palatinat. Les Ilermunduri (qui sont plus tard appelésïhuringiens) avaient de grands villa- ges en Franconic. Les Alamans, les Juthungs suèves et les Bajuvarii ou Bavarois, qui s’éta- blirent définitivement dans l’Allemagne du Sud, fondèrent des villages dans les plaines. Dans les Alpes, les fermes séparées conti-


nuèrent d’exister. Dancions habitants sont restés dans les montagnes, qui offrent tou- jours un refuge aux populations dans des époques aussi bouleversées que l’était celle de la grande invasion. Des Rhéto-Romains ont même gardé leur langue, dans les Grisons (évèché de Coirej, et dans les vallées du Tyrol peuplées par les Oslladines (jusqu’à ce siècle)  ; d’autres populations accusent leur origine plus ou moins romaine parleur type qui difTère de la race bavaroise, près de Salz- bourg, par exemple  ; il y a une série de vil- lages dans le sud-est de la Bavière dont le nom de Walch (étranger) indique l’origine latine, Walchdorf, Walgau, etc. On est d’avis que les maisons qui existent encore aujourd’hui, dans les montagnes, et qui dif- fèrent entièrement des maisons allemandes, sont de type italien.

Dans les plaines, les villages comportent le plus souvent des champs divisés en bandes et distribués à ceux qui y participent, selon la coutume teutonique. Les Alamans avaient le plus souvent, en Suisse jusqu’au Jura, au fleuve de l’Aar et aux Grisons, en Alsace et sur la rive droite du Rhin, des villages formés par de petits groupes de fermes moins nom- breuses que celles des villages teutoniques ordinaires. Ils ont détruit les villas romaines, même dans les Décumates si bien cultivés, mais soit par suite de l’état déjà développé de la culture, soit par une conséquence de la nature le plus souvent accidentée du terrain, ils ont rarement créé des villages aussi con- sidérables que dans l’ancienne Allemagne et le Scandinavie {Gevanminifer).

Ce sont les plus petits ueih’r {vilare, de villa). Les Juthungs, qui sont aujourd’hui confondus avec les Bavarois, s’étaljlirent à l’est des Alamans, depuis le fleuve Hier, et du lac de Constance jusqu’au Danube et au Lech, et créèrent des villages ordinaires à grands champs divisés en bandes  ; le territoire de Kempten, où les paysans possèdent aujour- d’hui des fermes séparées, n’a eu ces fermes que depuis le xvi-^ siècle, époque d’où l’on a voulu instituer une méthode de cultures plus profitable avec plus d’élevage. Les Bavarois ont de même fondé des villages ordinaires à partir de la frontière slave (danslaFranconie en passant par la Foret de Bohème jusqu’au Danube qu’elle suit sur une certaine étendue jusqu’à Melk), dans toutes les vallées qui se dirigent vers le sud, même dans celle de rinn dans le Tyrol. Ce n’est que sur les ter- rains qui commencent à s’élever, et notamment dans toute la Bavière du Sud-Est, que les vil- lages revêtent une autre forme, sont moins étendus et consistent en des champs distri- bués, non pas en longues bandes, mais en


COLONISATION