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PRÉFACE



Ce supplément au Nouveau Dictionnaire d’Économie Politique tient lieu de la deuxième édition, dont il avait été question presque au lendemain de l’apparition de la première. Le public avait fait à notre travail un accueil qui présageait l’épuisement prochain du tirage. Cet encouragement significatif, nous avions, M. Léon Say et moi, considéré qu’il nous imposait le devoir pressant de rendre l’œuvre plus digne de lecteurs aussi avides de science. Nous avions aussitôt dressé le plan d’une seconde édition, où les erreurs seraient corrigées et les lacunes comblées.

Mais l’annonce de cette seconde édition éveilla des critiques chez nos premiers lecteurs. Ils objectèrent que l’utilité, chèrement payée, de la première se trouvait, par là, bien diminuée, et nous prièrent de chercher un moyen qui leur permît, tout en conservant l’édition première, de profiter, à peu de frais, des améliorations de la seconde.

Ce moyen ne pouvait être qu’un supplément. Nous rendant à leurs raisons, nous avons ajourné la seconde édition et nos collaborateurs, toujours dévoués, nous ont suivis dans cette orientation différente.

Un supplément ne peut pas remplacer absolument une édition nouvelle. Le notre, laisse donc subsister certaines des erreurs, surtout matérielles, que renfermaient nos deux volumes ; mais il comble, et au-delà, les lacunes signalées. Il contient beaucoup d’articles, et des articles importants, entièrement nouveaux ; il contient aussi certains articles qui ne font que traiter autrement des matières déjà traitées dans le Dictionnaire.

Ces corrections et ces additions améliorent certainement l’œuvre commune de nos collaborateurs et de nous. Elle ne changent pas notre doctrine. Les événements qui se sont passés depuis cinq ans n’étaient pas faits pour l’ébranler : ils l’auraient plutôt affermie, si elle en eût eu besoin.

Le Supplément, comme le Dictionnaire, a été tout entier rédigé sous la haute inspiration de M. Léon Say. C’est lui qui, de concert avec moi, a arrêté la liste des sujets, choisi les auteurs, lu les manuscrits, revu les épreuves. Il n’est pas un seul de ces articles dont il n’ait connu au moins l’esprit et le plan général. Quand la mort l’a pris, tout était prêt. C’est donc encore son œuvre.

C’est, hélas ! la dernière. De tant de science, de rectitude de jugement, d’esprit et de grâce, il ne reste rien. Nous avons ses livres et ses discours. Mais M. Say n’était pas un homme que ses écrits remplacent. Si parfaits qu’ils soient, il valait mieux qu’eux et ceux-là seulement qui l’ont connu savent tout ce qu’il y avait derrière l’orateur, l’écrivain et l’homme d’État. La perte est irréparable.