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COUIICELLE-SENEUIL


l,os saf,’ns conseils do l’illustro snv.iiit ir(»l)tinrL’iit pas i^’rand succi’s, ce n’est (|u’(’n l.’»28 que li  ; roi Sif,àsiiiuud donna un coni- Mu-ncenit’nt d’exécution à ses projets de itifornu’s, mais l’on ne devait pas tarder à reloniber dans les mômes errcnients.

Eu. VlI)AL-X.\OrF.T.

COURCELLE-SENEUIL né en I8  ;]3 à Se- ncuil(Dordojjfne) est mort à Paris en 1893. Il commença de bonne heure la carrière d’é- crivain. Déjà doué de l’esprit philosophique qui devait prendre chez lui, plus tard, de si larges développements, il publiait vers l’âge de dix-huit ans un assez fort volume inti- tulé Lc/7rt’S « Edouaî’ciswr les Révolutions. Le litre appartient bien à l’époque, mais la for- me et le fond de l’ouvrage indiquaient déjà ses préférences et la tournure de son esprit. Son temjiérament le poussait vers les dis- cussions scientifiques et la polémique. Il entra donc très jeune dans le journalisme où, près d’Armand Carrel, il combattit en faveur des idées libérales, abordant les sujets les plus divers  : politique, histoire, droit, lit- térature, économie politique. Sa première tendance vers les études économiques se manifeste dans le Crédit et la Banque. C’était une orientation. A partir de cette époque il dirigea plus particulièrement son activité iiilellccluelle vers les questions sociales. Le crédit était alors fort discuté, Gourcelle-Se- nouil entra donc dans l’économie politique par la porto de la polémique. Ainsi son pre- mier livre, contrairement à ce qui arrive à beaucoup d’auteurs économiques qui n’ont point passé par le commerce ou l’industrie, fut ce qu’on appelle aujourd’hui une œuvre I’ pratique ».

Au cours de cette étude son esprit avait été fortement éveillé sur les avantages que présentent les fonctions industrielles. C’est alors qu’il se rendit en Limousin pour y pren- dre la direction d’une usine métallurgique. Peut-être aussi le découragement lui élait-il venu en voyant l’ignorance des hommes qui faisaient de l’opposition au gouvernementdc Juillet, et qui pouvaient, du jour au lende- main, être portés au pouvoir sans préparation sérieuse. Il garda même toujours cette pre- mière impression et, jusqu’aux derniers mo- ments de sa vie, ne put se défendre de pessi- misme à l’endroit du personnel politique de notre pays. C’est pourquoi aussi, à maintes reprises, il essaya de grouper autour de lui des jeunes gens pour leur apprendre que la politique est un art rationnel, complexe qu’il faut étudier longuement. Comme il avait exclusivement pour but de vulgari- ser une doctrine, les élèves furent rares,


1res rares, et ses essais n’aboutirent pas. Il resta peu de temps — quelques années — dans l’induslrie, assez néanmoins pour y recueillir de précieuses observations qu’il utilisa dans la suite. A la révolution de 1848, son tempérament de combat le rejeta dans la politique. Ses amis étaifjnt au pouvoir. Le ministre Duclerc lit appel à sa collaboration et le nomma Directeur général de l’Enregis- trement. Les illusions de Courcelle-Sencuil ne furent pas longues à disparaître. Il ne de- meura que quelques jours dans cette fonc- tion, et se retira après avoir vainement es- sayé de faire entendre la voix de la raison. Les fautes dont il avait prédit les consé- quences, et particulièrement rétablissement de l’impôt des 4") centimes, amenèrent les événements que l’on connaît. Après l’é- tablissement de l’Empire, Courcelle-Seneuil estimant qu’il n’y avait plus rien à tenter pour un esprit indépendant, très ardemment attaché aux idées de liberté, accepta la pro- position qu’on lui (it d’aller professer l’Eco- nomie politique à l’Ecole de droit de San- tiago de Chili.

Courcelle-Seneuil habita pendant sept ans environ ce pays, qui fut pour lui un champ d’étude et d’expériences. Le Chili vivait en- core — comme beaucoup d’autres nations actuellement — en ce qui regarde les insti- tutions financières et économiques, sur des idées surannées. L’auteur du Crédit et de la Banque trouva donc la matière à appliquer ses théories. Son ascendant fut tel, qu’il par- vint bientôt à jouir d’une grande autorité près du gouvernement. Dans un excellent articlt! nécrologique, don Diego Rarros Arana, l’un de ses élèves, a rappelé les services que Courcelle-Seneuil rendit au Chili. Pendant ses « fonctions de conseiller au ministère des fi- <c nanccs, dit M. Barros Arana, il donna, sur « une grande variété de matières, des avis « d’une indiscutable autorité, qui furent la « base de lois et décrets. Entre autres, on doit « se souvenir de ses conseils sur l’organisa- « tiondes douanes, surla loi monétaire, sur la « coraplabilitédes bureaux chargés du fisc. » Cet homme que ses adversaires scientifiques combattaient comme un à prioriste pur avait été un praticien heureux, un réformateur dont les réformes furent la cause d’immenses avantages pour le pays qu’il appelait sa se- conde patrie. Il dédaignait cependant de rap- peler ces choses, et laissait dire ceux qui croyaient innover en proclamant indispen- sable l’observation en économie politique. Grâce à une mémoire peu commune, Cour- celle-Seneuil parlait non seulement l’espa- gnol, mais encore deux autres langues outre sa langue maternelle. Il prenait peu de notes


COURCELLE-