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RURALE


12. Développement agricole.


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ÉCONOMIE RURALE


L’agriculture anglaise est étroitement liée à l’industrie et au commerce  ; son dévelop- pement suit, en grande partie, celui des autres branches de l’activité humaine. Elle s’est, cependant, développée elle-même de la manière la plus étonnante. Elle, qui, dans la première partie du siècle passé, ne donnait pas de récoltes supérieures à celles qu’on trouve aujourd’hui en Russie, a atteint de nos jours au niveau le plus élevé. Dans le dernier siècle, son progrès est lié au mouvement des autres pays, aux ten- dances générales, au retour à la nature et aux industries agricoles, toutes choses qui caractérisent en France, par exemple, Toeuvre des physiocrates, et qui se retrouvent, sous diverses formes, dans la plupart des pays.

11 suffit de nommer des hommes comme Jethro Tull, qui propagea la manière de semer les navets en lignes et beaucoup d’au- tres améliorations  ; comme lord Townshend, qui se retira du ministère pour introduire, sur ses propriétés, l’excellente alternance de quatre soles, une verte après une jaune, spé- cialement de trèfles et de navets, assolement qui reste la base de la bonne agriculture anglaise et que l’on appelle, d’après le pays de lord Townshend, « le système de Nor- folk )>  ; enfin comme Rakewell, qui créa la race célèbre des moutons deLeicester, appe- lée aussi du nom de sa ferme de Dishley, mais duquel on peut dire que ses principes pour la formation des races ont aussi créé indirectement les autres races qui forment aujourd’hui la base de la haute agriculture, les vaches Durham ou iShorthorn de M. Col- lings et les moutons Soulhdown de M. Jouas Wehb. Plus tard, vers la fin du siècle, une immense influence réformatrice est exercée par Coke de Uolkham et par les deux hommes qui devinrent le président et le secrétaire du Board of Agriculture, Sir John Sinclair et Arthur Young. Ce dernier a surtout été le propagateur de la clôture des terres, c’est- à-dire, comme nous l’avons expliqué plus haut, du défrichement des terres utilisées en commun.

Les difficultés des agriculteurs anglais au milieu de ce siècle, après l’abolition de leurs privilèges, des droits d’entrée sur les blés et autres denrées, sont surmontées, après 1846, surtout par une plus grande extension donnée aux récoltes vertes et à l’élevage du bétail, priiicli)alement du mouton. On lira là-dessus les divers écrits de Sir James Gaird, à commencer par sa description de la situa- tion des diverses parties du pays, publiée pour la première fuis sous forme de lettres


dans le Times, 18o0-1851. Les grandes amé- liorations continuent  ; parmi celles-ci il faut spécialement nommer le di^ainage, under- draining, après l’introduction des tuyaux poreux par M. Reed, en 1843  ; et plus tard les engrais chimiques, pour l’application desquels personne n’a plus de mérite que Sir John Lawes, de Rothhampstead  ; les excel- lentes machines agricoles, les meilleures semences, et, avant tout, les races d’ani- maux d’une précocité plus rapide (les bœufs de 14 à 18, les moutons de 8 à 9 mois), que l’on suppose avoir à elles seules fait aug- menter d’un quart en cinquante ans, la pro- duction de la viande.

13. Période pénible.

Depuis 1770, époque du calcul d’Arthur Young, jusqu’à 1850, époque du calcul de sir James Caird, la rente moyenne des terres a plus que doublé, s’étant élevée de 13 sh. 4 d. à 20 sh. 10 d. par acre. De 18b0 à 1875, il y a encore un progrès considérable. Le prix de la viande augmente d’un tiers  ; celui du beurre, de la moitié  ; et celui du blé main- tient son prix, tout au profit des cultivateurs, tandis que le salaire ne hausse que d’un huitième. Depuis lors, il y a un recul énorme. Les évaluations difierent, mais toutes sont d’accord pour constater cette tendance générale. M. Shaw Lefèvre évalue, déjà pour la période de 1875 à 1880, les reve- nus agricoles à 26 millions de moins par an que ceux de 1869 à 1874, et même si l’on prenait seulement les mauvaises années de 1878 à 1881, à 40 millions. Sir Robert GilTen arrive, en 1882, à des chifl^res pareils. Sir James Caird évalue la diminution des revenus agricoles anuuels, pendant la période de 1873 à 1885, à 42 millions de livres (il les compare aux 5 années précédentes), 20 mil- lions pour les propriétaires, 20 millions pour les fermiers et 2 1/2 pour les ouvriers. Pour une plus longue période, la perte incombe surtout aux propriétaires et monte, comme moyenne pour toute l’Angleterre, d’après le calcul de M. Price pour les propriétés des collèges d’Oxford, probablement à plus de 25 0/0, pour la période de 1883 à 1893. La valeur des terres, d’après l’évaluation pour l’impôt sur le revenu, était le plus élevée en 1879-80, plus de 51 millions et demi, mais était diminuée, en 1892-93, de près de 13 millions de livres et demi.

La diminution du revenu, des renies et de la valeur des terres a été très diflérente dans les diverses parties du pays, très considérable dans les contrées de froiricnt de l’est de l’An- leterre, en Essex, par exemple, ainsi que dans le Sud, beaucoup moins dans les con-


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