Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/205

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li\ potlii’li(iucs, infaillibles sous les contli- tions supposées  ; leur .’ipplication leiilro dans dauliX’S sphères. Sur celle base, il raisonne avec une logique qui est irréprochable ; il donne des définitions excellentes  ; et lout son système devient clair et jtrcsque sans défaut. Son idée de restreindre la science pure est émise de bonne heure. Dans une lettre qu’il écrit à l’àge de vingt ans, il dit  : « L’économique, à parler scientiliquement, est une science tres restreinte. C’est une sorte de mathématique, qui calcule l'effet et la cause de l’industrie humaine et indique comment elle peut être mieux appliquée. Il y a une foule de branches alliées du savoir qui touchent à la condition de l’homme : le rapport de ces branches à l'économie politique est semblable à celui de la mécanique, de l’astronomie, de l’optique, de la chaleur et des autres branches de la science physique aux mathématiques pures. »

Kn même temps, Jevons est très fort dans les applications de la théorie, et, si ses iiublications ont excité un intérêt si considérable, c’est, dans une large mesure, parce qu’elles touchent souvent à des questions importantes pour le monde des affaires. 11 traite notam- ment les questions monétaires, les crises, la question de l’épuisement des houillères an-

 ;.’laises,les rapports de l’État avec les ouvriers, 

il est essentiellement monométalliste  ; sans méconnaître la possibilité de relier les deux métaux, il reconnaît la périodicitédes crises de dix ou onze ans etcherche même à les retrouver dans le siècle passé  ; mais il conçoit cette idée singulière que la cause en peut être les taches du soleil, qui inlluencent les récoltes  ; et comme il ne trouve aucun fait suffisant pour apjiuyer sa théorie dans les récoltes euro- péennes, il cherche la cause des mouvements dans rOrient lointain. Il peut se tromper, mais il cherche toujours, de la manière la plus consciencieuse, les faits réels.

La méthode de Jevons est excellente  ; il reconnaît que la science commence par de certaines choses, des faits simples de l’é- change, et qu’on peut, en ayant trouvé les lois, déduire de ces mêmes lois. 11 commet des erreurs, par exemple, lorsqu’il n’admet pas le coût de production comme le niveau vers lequel gravite la valeur. Il y a des points où Bastiat, le plus souvent peu scientifique, comparé au professeur anglais, est bien en avant de lui  ; mais, d’une façon générale, les définitions et les déductions de Jevons sont complètes, et, si l’on excepte N. NV. Senior, il y a peu d’auteurs anglais (quant à leur méthode scientifique) qui puissent être mis à côté de lui. 11 a entièrement raison lors- qu’il s’élève contre le manque de véritable


loj.’iqiie chcy. J. Stiiart Mill, même dans ses définitions éconoiiiiquos.

Jevons a développé la lliéorie de l’utilité fiiiab  ; ou marginale, c’est-à-dire celle théorie d’a[irès laqiH’llL’ la valeur et le prix sont déterminés, d’une part, piar la d< ;rnière uti- lité qu’on apprécie, et d’autre part, par la dernière peine nécessaire. Cette tliéorie n’était pas entièrement nouvelle, elle avait été, en partie, enseignée antérieurement par vonThiiencn, von Ilermann etr« Kcouoniiste inconnu », M. Gossen  ; mais, en tout cas, Jevons a ajouté beaucoup à ce qu’ont dit déjà d’autres, et le fait d’avoir fait entrer dans sa théorie de l’utilité le sentiment de la jouissance, l’exemption de peine, et le sacri- fice considéré comme moindre jouissance, est, dans toute son application, une véritable addition à la science économique. S’il y en a d’autres qui ont élargi cette idée, Jevons a, de son côté, le mérite de ne pas avoir exa- géré cet élément psychologique au détri- ment de tout le système, comme l’a fait la soi-disant école autrichienne.

Jevons croit avoir fait de l’économie politique une science mathématique. C’est plutôt une faiblesse. Si l’on comprend par mathématique autre chose que la logique exacte, l’économie politique n’est pas spécialement mathématique. On peut employer les signes mathématiques  : M. Ldgeworth pense qu’on peut le faire surtout pour indiquer les tendances  ; d’autres le font d’une manière difîé- rente  ; mais, pour nous en tenir ici à Jevons, la manière dont cet excellent économiste emploie les mathématiques démontre justement que ce n’est pas la sphère particulière de la théorie des quantités exactes  ; il n’y a presque aucune idée qu’on ne puisse expliquer mieux, plus clairement, dune manière plus intelligible, que Jevons ne le fait par des signes mathématiques. D’après notre opinion, la mathématique est un défaut de ses excellents livres.

En résumé, il n’y a guère de livre que l’on puisse plus sûrement recommander à l’étudiant en économie politique que la Théorie de Stanley Jevons. Si nous ne goûtons pas entièrement la manière dont le loue le professeur Foxwell, c’est parce que les Anglais d’aujourd’hui nous paraissent, en général, un peu exagérés et trop solennels dans l’éloge de leurs amis et précurseurs  ; ce n’est nullement parce que nous désirons placer Stanley Jevons ailleurs qu’au premier rang.

y.-c. F.

Bibliographie.

Diagram showing ail the weekly accounts of the Bank of England since the passing of the Bank Act IS44, 1862. — Diagram showing the priées of the English funds, the