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CLASSES) —  ;

On connaît les excellents paysans qui peu- plent le pays libre situé aux sources du grand fleuve dont les alluvions fertiles forment les terres des Pays-Bas, c’est-à-dire la Suisse. Elle est, encore plus que la Hollande et que la Belgique, un pays de paysans en posses- sion, par suite de leur liberté ancienne, d’un grand développement économique. Presque tous sont des propriétaires, et l’on estime l’étendue la plus ordinaire d’une ferme paysanne ii io hectares. Ce n’est pas seule- ment la nature du pays qui donne à la cul- ture un intérêt considérable. Même dans ce pays heureux, il y a cependant, à côté de paysans riches, de grands exemples d’un morcellement trop considérable et de pau- vreté. La statistique du canton de Berne nous renseigne cà cet égard. Malgré un grand mor- cellement de quelques vallées, la moitié de la superlicie est pourtant dans le canton de Berne et dans celui de Zurich, qui nous four- nissent une statistique, occupée par des fer- mes de 5 à 20 hectares. Dans l’Argovie, on a, d’autre part, 64 p. 100 de la superficie cou- vert de fermes de 1 au hectares et seulement 16 p. 100 au-dessus de o hectares.

En Danemark, les trois classes rurales exis- tent d’une manière très distincte malgré la dissolution, dès la fin du siècle dernier, de la communauté rurale et malgré l’abolition de presque toutes les entraves au mouvement économique des campagnes. Il y a encore 2000 grandes fermes qui comportent le plus souvent une étendue de 100 à 250 hectares  ; la moitié de ces fermes étaient autrefois habi- tées par l’ancienne noblesse. Celle-ci n’a jamais eu de droit de primogéniture. Ce n’est qu’après qu’elle eût perdu son pouvoir politique et après l’institution du pouvoir absolu du roi, en 1660, selon le modèle de la France, que furent créées un petit nombre de propriétés, dont la moitié ont litre de comtés et baronies, avec héritage fondé sur la primogéniture. La grande majorité des grandes fermes sont cultivées par les propriétaires  ; un quart environ de ces fermes, dont beaucoup appar- tiennent à ces propriétés où s’exerce le droit de primogéniture, sont cultivées par des fermiers qui, socialement, sont de la même classe que les propriétaires. Comme classe moyenne, on compte entre 70000 et 80000 fer- mes paysannes, le plus souvent de 10 à 30 hectares. Il y a deux siècles, presque toutes ces fermes étaient dans un état de dépendance. La forme ordinaire était celle d’un fermage pour la vie de l’homme et de sa veuve non mariée, Faste, développée avec la dépendance personnelle  : on ne comptait, sur un nombre total de 60 000 fermes, que oOOO environ qui fussent possédées par


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dos paysans propriétaires. Plus de la moitié était propriété de la couronne en y comptant celles qui appartenaient à l’Église d’État  ; un peu moins de la moitié était propriété de la noblesse. Dans le Slesvig et en Suède, la couronne à cette période possédait encore davantage.

Aujourd’hui, il reste, sur un plus grand total, ci peine ce petit nombre de o 000 comme Faste  ; les possesseurs de deux cinquièmes, ou d’un quart de toutes les terres du pays, sont devenus propriétaires après la réintro- duction de la liberté politique, en 1848. La troisième classe, les « petites maisons », da- tent surtout d’une période entièrement moderne  ; sur un total de 200000, plus des trois quarts ont des terres  ; dont les deux tiers datent des derniers cinquante ans. La grande majorité des possesseurs sont des propriétaires. De toute la superficie du pays, sept dixièmes appartiennent à la classe moyenne, les fermes paysannes  ; de un hui- tième à un septième aux « petites maisons »  ; 14 p. 100, aux grandes formes. Nous ne donnons pas les chiffres exacts de la statis- tique parce que celle-ci est établie d’après les unités de l’impôt foncier, qui ne donne aucun résultat fixe quant à l’étendue  ; dans des contrées récemment défrichées, une pro- priété quiest, d’après l’unité de taxation, esti- mée une petite maison, peut être, dans la réalité, une grande ferme. Si on suit le mou- vement qui a lieu, on constate que les fermes paysannes, classe autrefois relativement fixe- et artificiellement conservée, se dissolvent dans une certaine mesure, surtout avec une tendance à descendre à la classe inférieure. Un morcellement moins heureux ne s’est guère produit que là où le droit de pro- priété était accordé subitement et sans effort delà partdes tenanciers. Autrefois, les grands propriétaires ont tenu la tète comme culti- vateurs. Aujourd’hui, la classe moyenne ou les paysans suivent le bon exemple avec un succès décidé (par les associations laitières, par exemple) et même les petits possesseurs de ’(maisons » offrent parfois des exemples de la bonne culture.

La Suéde a également trois classes  ; mais le développement s’y est effectué avec moins d’en- traves, et la liberté y a été mieux conservée qu’en Danemark. D’énormes étendues de terres furent obtenues des rois parla noblesse, surtout comme gages d’emprunts  ; c’est ainsi qu’elle avait entre les mains, en 1660, les trois cinquièmes de toutes les terres du pays  ; elle a été forcée de les restituer, notamment en 1680, par la soi-disant «réduction ». En 1700, les paysans possédaient 21000 des mantal, ou anciennes unités terriennes, sou-


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