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RURALES (CLASSES)


ré^’ioii occupée surtout par des fermes paysannes relativement considérables, le plus souvent de It à 13 hectares. Dans ces con- trées alpestres, les peuples teutoniques, gé- néralement regardé? comme prolifiques en comparaison des Français, se signalent, au contraire, si on les compare avec les Slaves, par l’augmentation modique de la popula- tion. Les mariages y sont plus tardifs, et Ton tâche d’éviter de partager les fermes. Aussi les naissances illégitimes y sont-elles en pro- portion considérable  ; elles atteignent 43 à 46 p. 100 en Carinthie, et même, dans cer- tains districts, 60 p. 100. Il est curieux que ce fait, qui est ici une conséquence du régime des fermes paysannes, soit observé ailleurs, notamment dans le Mecklembourg, comme une conséquence du manque de fermes paysannes  ; car là aussi, il est difficile de se marier. Les paysans du Tyrol, du Vorarlberg, ainsi que les Saxons établis dans la Transyl- vanie, ont toujours été libres. Dans la troisième région, c’est-à-dire la partie septentrioimle de l’Autriche^ surtout les pays où la population slave est considérable  : la Bohème, la Moravie et la Silésie autrichienne, les fermes paysan- nes sont en moyenne moins considérables et mesurent entre et 19 hectares. C’est sur- tout ici que l’on trouve les énormes pro- priétés, où de très grandes fermes sont souvent aussi exploitées pour le compte des propriétaires, et où s’observent des exemples remarquables d’une administration domaniale sur une grande échelle. Citons, par exemple, 200 000 hectares appartenant au prince Schwarzenberg  ; 110 000 au prince de Tour et Taxis  ; 36000 au prince Furstenberg  ; 36000 au majorât du comte Hoyo. Plus d’un tiers de la superficie de la Bohème appar- tient à des fermes au-dessus de 113 hectares. La situation des ouvriers agricoles, sur laquelle on possède maintenant une intéres- sante statistique, varie avec l’ensemble de l’état rural, depuisla Galicie orientale, où ils occupent le niveau le plus bas jusqu’à la région des Alpes et aux contrées italiennes. où les ouvriers se transforment en colons ou métayers, mezaderii. La Galicie est spéciale- ment un pays de prolétariat rural. Le nom- bre des possesseurs y a augmenté de 384 000, chiffre donné en 1837, à 800 000 environ, en 1873, et à 1 663 000, en 1891  ; mais le nom- bre des terres de plus de 100 Joch ou 37 hec- tares, est tombé, en même temps, de 7664 à 3102  : ce sont les petites terres qui ont aug- menté dans une proportion considérable, en même temps que, d’après un calcul récent, elles descendaient, de 1868 à 1892, d’une moyenne de 9 Joch ou près de 3 hectares à 3,6 Joch ou 2 hectares environ. Il y en


avait 216000 au-dessus de 2 Joch ou 1 hec- tare, 133000 de 2 à 3 Joch et 378000 de 3 à 20 Joch (ou 12 hectares environ). Une partie considérable du peuple ne reçoit même pas une nourriture suffisante et beaucoup de personnes meurent des maladies qui sont une conséquence de la privation. Pour toute l’Autriche, on donne comme nombre des fermes 4 100 000, avec une moyenne de près de 7 hectares par ferme, moyenne toujours très peu significative.

La Hongrie se distingue par l’existence de très grandes propriétés, parallèlement à celle d’un grand nombre de petites fermes. Pour la Hongrie et la Transylvanie, sans la Croatie et la Slavonie, ces petites fermes au- dessus de Joch, c’est-à-dire 2,9 hectares, étaient, d’après une enquête de 1830 à 1869, au nombre de un million et demi  ; les fermes de 2,9 à 17,2 hectares, 704 000  ; ces deux classes ensemble occupant 32 p. 100 de la su- perficie totale. Puis, oncompte 119 000 fermes, de 17,2 à 113 hectares, grandes fermes paysannes, occupant 14 p. 100 de la superficie. Puis 14000 fermes appartenant à la classe supérieure, de 113 à 376 hectares, et occupant également 14 p. 100 de la superficie  ; puis 4 300 fermes, déjà d’une grande étendue, de 376 à 3 760 hectares, et occupant 30 p. 100 de la superficie  ; enfin celles au-dessus de 3 760 hectares occupent 9 p. 100 de la super- ficie. En étendant le terme de propriété paysanne aux fermes de 100 Joch, c’est-à-dire 37,36 hectares seulement, ces propriétés paysannes, avec un nombre de propriétaires s’élevant à 2 millions et demi, ne couvrent que 13 millions d’hectares  ; 6 millions et demi d’hectares représentent 23 000 propriétés, de 37,6 à 3 760 hectares, dont les possesseurs constituent une forte classe moyenne supé- rieure  ; et 12 millions et demi d’hectares ap- partiennent à 4300 grands propriétaires, dont 230 détiennent à eux seuls 2 880 000 hec- tares. Un tiers du territoire, la plus grande partie pourtant des forêts et d’autres terres non agricoles, est sous la mainmorte, c’est- à-dire est constitué par les propriétés de l’État, des Communes, de l’Église, des majo- rais. Les très grandes propriétés et leur ad- ministration souvent bien organisée ofTrent comme celles des pays septentrionaux de l’Au- triche, beaucoup de points d’un intérêt consi- dérable. La situation et la civilisation des paysans diffèrentbeaucoup dans les différentes contrées et chez les diverses nationalités. Hon- grois, Allemands, populations slaves et Rou- mains, quicomposentl’État hongrois. Les très grandes propriétés sont surtout situées dans les régions peuplées par des paysans slo- vaques, ruthènes ou roumains. D’autre part.


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