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MONÉTAIRE


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CIRCULATION MONÉTAIRE


ait mis pendant quc4que temps en circulation les roupies amassées dans les trésoreries, le coursa maintenant monté, et rien ne semble empêcher de maintenir une valeur de mono- pole. I.a roupie des Indes circule également en Afrique, particulièrement dans le Zanzibar et à l’ile Maurice et aussi dans l’Afrique orientale allemande et dans le Mozambique.

La Perse a suivi l’exemple des Indes  : elle a arrêté la frappe, en même temps qu’elle pro- hibait l’importation du métal blanc. Le kran, sa monnaie d’argent, dont le monnayage est donné en entreprise, subit encore cependant des variations considérables.

Aux Philippines, le gouvernement a essayé, en 1877, de donner une valeur de monopole au dollar mexicain  ; mais plus tard, l’impor- tation est devenue assez considérable pour le faire baisser. On a fait la même chose à Por to- Rico, dans les Antilles. La monnaie d’argent circule à Madagascar au-dessus de sa valeur, et, au Maroc, on se sertde la monnaie blanche espagnole, valant de même plus que sa valeur métallique. Dans certaines parties de l’Arabie, en Abyssinie et dans l’intérieur du Soudan, l’écu de Marie-Thérèse a une valeur si élevée que nous hésitons sur le point de savoir s’il faut placer ces pays parmi ceux de circulation de monnaie blanche à un cours artificiel ou de monnaie évaluée d’après l’étalon d’or. Le protit sur le monnayage de l’Italie pour l’Erythrée est tel que la monnaie doit suivre de très près l’or que représente en Europe la mon- naie d’argent, spécialement d’après les tarifs qui, dans l’empire ottoman, règlent les rela- tions entre l’or et la monnaie d’argent.

Les pays où l’argent circule au-dessus de sa valeur réelle, sans être cependant convertible en or, représentent, grâce à la densité de la population aux Indes, plus de 320 millions d’habitants, avec une circulation de plus de deux milliards trois quarts de francs.

Parmi les populations du monde. 129 mil- lions sont supposés n’avoir encore aucune monnaie.

4. L’agio sur 1 or.

Pour le moment, la dépréciation des mon- naies circulant d’après leurréelle valeur d’ar- gent, ou, plus exactement, ce qu’il faut ajouter pour avoir les mêmes monnaies en or, l’agio de l’or, se rapproche de 100 p. 100, après avoir oscillé dernièrement entre 80 et 100. Dans les États à papier inconvertible, la difîérence entre la valeur de la monnaie nationale et la valeur qu’on avait l’inten- tion de lui donner en or, en d’autres mots, l’agio de l’or, a, pour la monnaie de l’Argen- tine, dépassé 400, l’agio du Brésil, 2.38, de la Colombie, 890, du Chili, 300, de la Grèce, 80,


du Portugal. 25, de l’Espagne, 25, de l’Italie, 1 5, de la Serbie, 14.

L’agio, ou la dépréciation de la monnaie inconvertible, est un des grands tléaux des temps modernes, que l’on peut faire marcher de pair avec les tarifs protectionnistes. On se rapproche de la politique des anciens princes faux-monnayeurs. C’est prendre dans la poche de l’un pour mettre dans la poche de l’autre. On détruit, en faisant éprouver à la monnaie des variations de valeur, la base même de la vie économique  ; on transforme les aflaires en jeu, et on diminue les motifs de l’épargne en même temps que le crédit privé et public. Le grand commerce peut en partie se garantir contre les fluctuations de la mon- naie ; de grandes Ijanques sont établies pour assurer les commerçants contre ce risque. Exchange banks, Wechslerbanken, et en vivent exclusivement. Dans les petites transactions, cela est plus difficile. On a aussi remarqué, aux États-Unis, par exemple, après la guerre civile, sous le régime des  ;/re£?j6acA"s inconver- tibles, que c’était surtout dans le commerce de détail qu’il y avait absence complète de toute mesure certaine  ; les consommateurs ne pou- vaient plus contrôler les prix. Parmi ceux qui perdent spécialement par la révolution monétaire dépréciant la monnaie et élevant les prix, à côté de tous les créanciers et autres ayant des revenus fixes, y compris les fonctionnaires, les pensionnaires, tous ceux qui ont des économies, qui ont des assuran- ces sur la vie, des annuités, etc., il faut sur- tout noter les ouvriers ; leur salaire ne suit que lentement le mouvement, etTexpérience prouve qu’ils peuvent souffrir pendant de longues périodes, tandis que certains pro- ducteurs et exportateurs arrivent à gagner, parce qu’ils sont payés d’après les prix universels et n’ont à payer que dans la mon- naie dépréciée. Exemples récents, pour les salaires, de l’Autriche, de l’Italie, du Chili, du Brésil, de la Colombie. De même, si le cours de la monnaie s’améliore, tous ceux qui ont des revenus fixes, les créanciers, les ouvriers aussi, gagnent  ; les entrepreneurs et, en général, les producteurs souffrent. La baisse de la valeur de l’argent ou hausse des marchandises est favorable à une classe de producteurs et à diverses formes d’entreprise, mais défavorsible aux créanciers et au crédit. Vice versa, la hausse de la valeur de l’argent ou baisse des marchandises.il est difficile de dire quel mouvement est le plus nuisible.

L’agio est utilisé comme un des prétextes des protectionnistes, dans les pays àmonnaie dépréciée, pour recommander d’empêcher l’importation et, par là, la sortie de l’or  ; dans les autres pays, pour empêcher la concur-


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