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Page:Saynètes et Monologues, sér. 3, 1884.djvu/194

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LE MAITRE D’ARMES

Je suis maître d’armes. Dans ce moment- ci je n’ai pas d’élèves. Je ne sais pas ce qu’ils ont, ils ne se battent plus, il faut se battre. Si on ne se bat pas un peu entre soi que devient la société ? Plus de civilisation, plus de progrès, plus rien ! Se battre gentiment, sans raison sérieuse, — mais il faut se battre ; et il faut se tuer. Pas toujours, — mais souvent.

Autrefois quand j’étudiais, sous mon maître, le lieutenant Tafta-Gomez, (c’était un Espagnol, vous savez, un sombrero), on se battait pour un rien, — moi jamais, j’étudiais le» armes, ni M. Tafta-Gomez non plus, il était maître ; c’étaient les gens de la société. Une moucbe volait ; un voulait l’attraper, l’autre l’en empêchait (pas exprès), un dnell Et souvent mort d’homme, — et pas mal souvent mort des deux hommes. Voilà ce que j’appelle savoir vivre. Une fois, par exemple, il y eut une affaire gra ve> oh I celle-là ne pouvait pas s’arranger. Il s’agissait de la sœur du colonel. n faut vous dire, que j’étais déjà élève répétiteur d’escrime dans le 297^ d’infanterie à Commercy, le pays des madeleines. C’est dans ce 397* que j’ai été prévôt pendant quatre ans et six mois. Il s’agissait donc de la sœur du colonel ; le lieutenant-colonel avait dit que cette dame était ceci, était cela ; mais des choses très-mal. On a rapporté ce propos au colonel qui a flanqué une paire de gifles, à..« sa sœur ; et ils ne se sont pas battus ensemble... avec le lieutenant*