Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/19

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Malgré les progrès[1] dus aux exhortations et à l’exemple de Siméon le Stylite, malgré la conversion de plusieurs princes, le christianisme de l’Arabie du Nord n’était ni pur ni solidement établi.

L’Arabie heureuse, le Yemen possédait aussi, avant Mahomet et surtout dans les temps qui le précédèrent immédiatement, des éléments chrétiens considérables[2], qui ont exercé sur la formation de l’Islam des influences de plus d’une sorte. Ils y sont venus d’ailleurs de divers côtés, de la Syrie, de la cour de Byzance, de la vallée du Nil et notamment de cette Abyssinie, qui devait être un jour l’appui et le refuge de l’Islamisme naissant, se disant alors chrétien. Rien ne prouve que les premières missions du quatrième siècle, dirigées par Frumentius ou Théophile Indus aient obtenu de prompts et considérables succès[3], mais elles laisseront au moins des traces, et depuis

  1. Caussin de Perceval, Essai sur l’histoire des Arabes avant l’Islamisme, Paris 1847, T. II, p. 47 s.
  2. Ibid. T. I, p. 107 s. — Wright, sect. III à VII.
  3. Nous écartons, avec tous les historiens modernes, la légende de l’apôtre Barthélemy, indiquée, très-peu explicitement d’ailleurs, dans Eusèbe V, 10. Un des princes himyarites, à la fin du troisième siècle, aurait été converti secrètement par un Syrien, mais sans résultat durable (Caussin de Perceval I, 107). Philostorge (Eccl. hist. III, 4), donne une haute idée de l’activité de Théophile, envoyé par Constance en 356 en mission à la fois religieuse, politique et commerciale, pour laquelle il fallut combattre le mauvais vouloir des Juifs. Legatio vero felicem exitum sortita est, cum princeps gentis illius sincero animo ad veram pietatem transiisset, et tres ecclesias in ea regione aedificasset, non tamen ex ea pecunia quam legati ab imperatore secum attulerant, verum ex iis sumptibus quos ipse alacri animo ex privata pecunia suppeditavit, admirandis Theophili operibus aequalem animi sui magnitudinem exhibere contendens. Ces trois églises, ajoute Philostorge, étaient l’une à Zafar, l’autre à Aden, la troisième à l’entrée du golfe Persique. Néanmoins Caussin de