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un palmier, au pied duquel Marie est surprise par les douleurs de l’enfantement ?[1] N’était-il pas tout aussi facile, et moins dangereux au point de vue des démentis, de placer la nativité dans une grotte, avec tous les apocryphes, avec l’évangile arabe de l’enfance comme les autres ?[2] Sur ce point très-important le Coran s’écarte donc tout autant des évangiles apocryphes que des évangiles canoniques : le palmier est aussi différent de la grotte que de la crèche. On explique, il est vrai, d’une manière aussi raisonnable qu’ingénieuse, cette anecdote du palmier par un autre passage des apocryphes, qui montre le petit Jésus, dans la fuite en Égypte, commandant à un palmier de courber ses branches pour rafraichir les voyageurs de son fruit.[3] Mais cette explication ne fait que rendre plus invraisemblable l’emploi de textes écrits, plus vraisemblable la tradition orale : ce désordre, cette confusion de détails, étrange dans le premier cas, devient toute naturelle dans le second. La première question, posée au début de ce chapitre, est résolue.

Mais la tradition orale une fois admise, aidée ou non par les livres secrets des sectes, mais non pas dans tous

    servis depuis, entre autres un étudiant de Montauban M. Manneval dans son utile Thèse intitulée la Christologie du Coran, Toulouse 1867.

  1. S. XIX, v. 23.
  2. Protevangelium Jacobi, 18 ; Pseudo-Matthaei ev. 12 ; ev. infantiae arabicum, 3.
  3. Pseudo-Mat. XX : Infantulus Iesus […] ait ad palmam Flecte arbor ramos tuos, et de fructu tuo refice matrem meam. Et confestim ad hanc vocem inclinavit palma cacumen suum usque ad plantas beatae Mariae. — À cette tradition appartient sans doute aussi le sycomore plus brièvement mentionné dans l’ev. infant. arabicum 24. — On y a vu aussi le souvenir lointain du palmier de Délos sous lequel naquit Apollon (Hymne homérique à Apollon Délien) : en fait de syncrétisme oriental tout est possible.