Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/32

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négation, par le Coran, de la crucifixion de Jésus. En admettant, ce qui est fort possible, que Mahomet l’ait niée avec mauvaise foi, l’idée ne lui en serait même pas venue si cette négation ne s’était jamais produite chez les chrétiens.

Avant de terminer ce chapitre, nous devons dire quelques mots d’un singulier document, d’un apocryphe parmi les apocryphes, du prétendu évangile de Saint Barnabé, qu’il ne faut pas confondre avec l’ancienne version grecque de l’Évangile des Hébreux attribuée à Barnabas.[1] Au commencement du dix-huitième siècle, on remarqua dans la célèbre bibliothèque du prince Eugène de Savoie une traduction italienne faite au quinzième siècle, probablement sur un texte arabe, de cet évangile.[2] La chose fit du bruit, car le soi-disant compagnon de Saint-Paul voyait en Jésus-Christ un simple prophète, niait la crucifixion, et prédisait la venue de Mahomet (voir nos chapitres cinquième et sixième). Le déiste anglais Toland se précipita sur ce document dans lequel il voyait déjà un instrument de la ruine du christianisme, et il le mania dans son Nazarenus[3] avec une audace égalée par son absence de critique. C’était maintenant bien évident, Jésus était un simple réformateur du mosaïsme, le vrai christianisme historique était celui des Judéo-chrétiens, et les Musulmans étaient une branche du christianisme ni plus ni moins mauvaise qu’une autre, s’appuyant sur un des plus antiques

  1. M. Nicolas, l. cit. p. 139.
  2. V. Fabricius Codicis apocryphi novi Testamenti pars tertia, p. 365 s. Hamburgi 1719.
  3. Nazarenus, or Jewish, gentile and mahometan christianity, London 1718.