Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/87

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Ces trois prophéties sont relativement faciles à comprendre, pour qui se place un moment au point de vue et dans l’état d’esprit des fidèles. En voici d’autres où éclate dans toute sa beauté la subtilité byzantine, pillée avec tout le reste par cette théologie de bédouins :

« Le prince de ce monde vient, mais il n’a rien en moi »[1] : cela ne signifie pas, comme on le croirait, que Jésus est exempt de péché, et le prince de ce monde n’est pas pris dans un mauvais sens. Le prince de ce monde c’est Mahomet — aveu précieux à recueillir : le prophète a été l’homme du succès et de la gloire, que le succès et la gloire soient avec lui, pecunia tua tecum sit — ; mais alors, si le prince de ce monde c’est Mahomet, quel est le sens des paroles qui suivent ? Il a fallu pour y arriver une opération singulièrement laborieuse, et le voici : Jésus disant de Mahomet : « il n’a rien en moi » a voulu dire : « il n’aura rien de la divinité que l’on m’attribue faussement (!) ».

Notre esprit une fois fait à ces torsions énergiques, nous pourrons comprendre l’interprétation de ce passage de la première épitre du disciple aimé : « Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair, est de Dieu »[2]. Ne voyons pas là une allusion dirigée contre le docétisme : il s’agit de Mahomet qui, laissant de côté la métaphysique subtile de l’Église, rétablira Jésus dans sa pure et réelle humanité.

Lorsque Saint Pierre dit : « le jugement de Dieu doit commencer par sa maison »[3], le sens passif, généralement admis, doit disparaître devant le sens actif : la maison de

  1. Jean XIV, 30.
  2. 1 Jean IV, 2.
  3. 1 Pierre IV, 17.