— Courage donc, courage ! me répétait mon témoin, et visez bien : je déteste ce Coq.
S’il le déteste, pensai-je, pourquoi ne prend-il pas ma place ? je la lui céderais volontiers.
Mon adversaire s’alla placer gravement en face de moi.
— Hélas ! lui criai-je, il me semble qu’il y a un siècle que nous sommes là : est-ce que vous êtes encore en colère ? Embrassons-nous et que tout soit oublié. Je vous assure que chez les Hommes cela se passe quelquefois ainsi.
— Sacrebleu ! me cria-t-il en blasphémant, tirez donc ! et visez bien : car, si vous me manquez, je jure que je ne vous manquerai pas.
Cette brutalité me révolta, et le sang me revint au cœur. En mon bon droit j’eus confiance.
— Tenez-moi bien, dis-je à mon second ; vous êtes témoin que j’ai tout fait pour éviter ce duel.
Le Bœuf s’éloigna de quelques pas, et frappa trois fois la terre de son sabot : c’était le signal convenu. Je pressai la détente, le coup parti, et nous tombâmes tous deux. L’émotion m’avait renversé ; quand au Coq, il était mort sur le coup, victime de son opiniâtreté. La mort fut constatée par une Sangsue qui avait assisté au combat.
— Bravo ! s’écria le Chien, en me relevant ; vous m’avez rendu là un grand service. Ce maudit Coq demeurait dans la même ferme que moi ; il se couchait en même temps que les Poules, et, dès l’aube, son chant insipide éveillait tout le monde. Quand on ne tient pas