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D’UN LIÈVRE.

mes chagrins furent oubliés. Quelques mois après mon retour, je connus enfin le bonheur d’être père et bientôt grand-père. — Vous savez le reste, mes chers enfants ; et maintenant vous pouvez aller jouer. J’ai dit.

À ces mots du vieillard, son auditoire se réveilla. Pendant cette dernière partie de son récit, le silence avait été exemplaire. Les petits ne se le firent pas dire deux fois ; l’histoire leur avait paru très-intéressante et un peu longue : ils s’en allèrent courir dans les herbes.

— Madame la Pie, me demanda le petit Lièvre, tout en se frottant les yeux, c’est-il vrai tout ce que grand-papa vient de dire ?

— Fi ! lui dis-je, les grand-pères sont comme le bon Dieu, ils ne peuvent jamais ni se tromper ni mentir.


VI


Qu’est-ce que le bonheur ? Conclusion tirée de saint Augustin (Conf. chap. des Odeurs.)


« Ma chère Pie, me dit mon vieil ami, depuis mon retour aux champs, j’ai jeté un regard impartial sur les choses d’ici-bas, et quoique je les aie jugées sans passion, je serais bien embarrassé de vous en dire mon avis. Toute affirmation est téméraire. Je crois pourtant qu’on peut assurer qu’on ne saura jamais ce qu’il faudrait savoir pour être heureux. Mais est-il donc nécessaire de l’être ?