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LES AVENTURES

n’obtint qu’un médiocre succès. — Le bal fut alors coupé par un grand concert vocal et instrumental, dans lequel se firent entendre des artistes de tous les pays que la belle saison avait réunis à Baden-Baden.

Un Grillon joua, sur une seule corde, un solo de violon, que Paganini avait joué peu d’heures avant sa mort.

Une Cigale, qui avait fait furore à Milan, cette terre classique des Cigales, fut fort applaudie dans une cantilène de sa composition, intitulée Le Parfum des roses et dont le rhythme monotone rappelait assez heureusement l’épithalame chez les anciens. Elle chanta avec beaucoup de dignité, en s’accompagnant elle-même sur une lyre antique, que quelques mauvais plaisants prirent pour une guitare.

Une jeune Grenouille genevoise chanta un air dont les paroles étaient empruntées aux Chants du Crépuscule de M. Victor Hugo. Mais la fraîcheur de la nuit avait un peu altéré le timbre de sa voix.

Un Rossignol, qui se trouvait par hasard spectateur de cette noce quasi royale, céda avec une bonne grâce infinie aux instances de l’assemblée. Le divin chanteur, du haut de son arbre, déploya dans le silence de la nuit toutes les richesses de son gosier, et se surpassa dans un morceau fort difficile qu’il avait entendu chanter une seule fois, disait-il, avec une inimitable perfection, par une grande artiste, madame Viardot-Garcia, digne sœur de la célèbre Maria Malibran.

Enfin le concert fut terminé par le beau chœur de la