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DE JUSTICE ANIMALE.

les Perroquets, les Buses et les Pies étaient en majorité : on assure qu’il en est toujours ainsi.

Des Canards, fondateurs d’un journal quotidiens, furent casés dans une tribune réservée. Par malheur, la disposition des lieux faisait que, de leur poste spécial, ils étaient moins auditeurs qu’assistants ; mais, pour narrer un procès comme pour le juger, est-il indispensable de l’entendre ?

Je n’entrerai point dans les détails de toutes les affaires qui ont occupé la session ; je ne vous parlerai point des poursuites dirigées contre un Aigle, pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement ; un Bouc, pour danse illicite ; un Merle, pour délit de presse ; un Coq pour duel ; un Chat-Huant pour tapage nocturne ; un Renard, pour banqueroute frauduleuse ; un Chat, pour infanticide ; une Hirondelle, pour vagabondage ; une Pie, pour vol domestique ; un Sansonnet, pour diffamation ; un Paon, pour usurpation de titres ; une Grive, pour dispute de cabaret, etc. Je veux seulement vous parler de deux causes majeures. Musa, mihi causas memora, comme dit mon Rat latiniste.

Peut-être avez-vous lu, il y a quelques mois, dans la feuille quotidienne ci-dessus mentionnée : « Un crime affreux vient d’épouvanter nos contrées, si longtemps paisible. Au moment où les Animaux coalisés venait de jurer une éternelle fraternité, on a trouvé au coin d’un bois un Crapaud affreusement empoisonné. La justice informe. »