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Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/341

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GUIDE-ÂNE

il n’y a dans tout ceci qu’une vérité de démontrée, c’est qu’il existe dans le budget une forte contribution payée aux intrigants par les imbéciles, que toute chaire est une marmite, le public un légume, que celui qui sait se taire est plus habile que celui qui parle, qu’un professeur est nommé moins pour ce qu’il dit que pour ce qu’il ne dit point, et qu’il ne s’agit pas tant de savoir que d’avoir. Mon ancien maître a placé toute sa famille dans les cabanes du budget.

Le vrai savant est un rêveur, celui qui ne sait rien se dit Homme-pratique. Pratiquer, c’est prendre sans rien dire. Avoir de l’entregent, c’est se fourrer, comme Marmus, entre les intérêts, et servir le plus fort.

Osez dire que je suis un Âne, moi qui vous donne ici, la méthode de parvenir, et le résumé de toutes les sciences. Aussi, chers Animaux, ne changez rien à la constitution des choses : je suis trop bien au Zoological-Garden pour ne pas trouver votre révolution stupide ! Ô Animaux, vous êtes sur un volcan, vous rouvrez l’abîme des révolutions. Encourageons, par notre obéissance et par la constante reconnaissance des faits accomplis, les divers États à faire beaucoup de Jardins des Plantes, où nous serons nourris aux frais des Hommes, et où nous coulerons des jours exempts d’inquiétudes dans nos cabanes, couchés sur des prairies arrosées par le budget, entre des treillages dorés aux frais de l’État, en vrais sinécuristes marmusiens.