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LE RAT

lement. Ces Rats de la jeune génération sont si singuliers ! ils n’aiment rien, ne se plaisent à rien, ne se dérident jamais… Oh ! de mon temps, nous étions moins atrabilaires ; nous prenions le temps comme il venait… Aujourd’hui nous mangions du blé, demain nous rongions du bois : bois et blé, tout nous allait. Maintenant ça n’est plus de même, on n’est jamais content… eût-on des noix et du lard sur la planche, on se lamenterait encore… Quelle étrange monomanie !… Décidément mon pupille se fait bien attendre… Est-ce qu’il lui serait arrivé malheur ?


Scène II.

RONGE-MAILLE. TROTTE-MENU.
TROTTE-MENU, paraissant à la fenêtre.

Tuteur, peut-on entrer ?

RONGE-MAILLE.

Quoi ! par la fenêtre ? Ne pouvais-tu faire comme tout le monde et passer sous la porte ? Mais j’oubliais que, vous autres Rats de la jeune Raterie, vous ne faites rien comme personne… Les portes ! c’est bon pour le Rat vulgaire, n’est-il pas vrai ?… Allons, jouons des mâchoires !… il y a longtemps que le festin est prêt… !

TROTTE-MENU, d’un ton mélancolique.

Si, au lieu de me glisser sous la porte, j’ai été obligé de faire un long détour et d’arriver par les toits, la faute n’en est pas à moi, tuteur !…