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Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/378

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VOYAGE

Dès que je mis le pied dans l’île, je fus assailli d’Animaux étranges, au service de l’État et chargés de vous initier aux douceurs de la liberté en vous empêchant de porter certains objets, quand même vous les auriez en affection. Ils m’entourèrent, et me firent ouvrir le bec pour voir s’il n’y avait pas des poisons que, sans doute, il est défendu d’introduire. Je levai mes ailes l’une après l’autre pour montrer que je n’avais rien dessous. Après cette cérémonie, je fus libre d’aller et de venir dans le siège de l’Empire Formique dont les libertés m’avaient été si fort vantées par la Corbine.

Le premier spectacle qui me frappa vivement fut celui de l’activité merveilleuse de ce peuple. Partout des Fourmis allaient et venaient, chargeant et déchargeant des provisions. On bâtissait des magasins, on débitait le bois, on travaillait toutes les matières végétales. Des ouvriers creusaient des souterrains, amenaient des sucres, construisaient des galeries, et le mouvement est si attachant pour ce peuple, qu’on ne remarqua point ma présence. De différents points de la côte, il partait des embarcations chargées de Fourmis qui s’en allaient sur de nouveaux continents. Il arrivait des estafettes qui disaient que, sur tel point, telle denrée abondait, et aussitôt on expédiait des détachements de Fourmis pour s’en emparer, et ils s’en emparaient avec tant d’habileté, de promptitude, que les Hommes eux-mêmes se voyaient dévalisés sans savoir comment ni dans quel temps. J’avoue que je fus ébloui. Au milieu