milière aux enfants de la Vieille-Formicalion. Une Patricienne me montra dix-sept fourmilières ainsi conquises et où elles envoyaient leurs filles, qui y devenaient à leur tour Patriciennes.
— Vous faites des choses souverainement infâmes, dis-je à la Patricienne qui était venue offrir des bois pour des grains.
— Oh ! ce n’est pas moi, dit-elle. Moi, je suis la plus honnête créature du monde ; mais le gouvernement Formique est forcé d’agir dans l’intérêt de ses classes ouvrières. Ce que nous venons de faire était souverainement utile à leurs intérêts. On se doit à son pays ; mais je retourne dans mes terres, pratiquer les vertus que Dieu impose à notre race.
En effet, elle paraissait au premier abord la meilleure Fourmi du monde.
— Vous êtes de fiers sycophantes ! m’écriai-je.
— Oui, me dit une autre Patricienne en riant ; mais convenez que cela est beau, dit-elle en me montrant une file de Patriciennes qui se promenaient au soleil dans l’éclat de leur puissance.
— Comment parvenez-vous à maintenir cet état contre nature ? lui demandai-je. Je voyage pour mon instruction, et voudrais savoir en quoi consiste le bonheur des Animaux.
— Il consiste à se croire heureux, me répondit la Patri-