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Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/453

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PRIS AU PIÉGE.

si les sentiments de l’autre revivent dans celui-là, si c’est toujours le même égoïsme, la même brutalité, la même sottise ?

— Allons au fond des choses, mon ami Breloque, lui dis-je. Je crois que vous ne lui avez pas encore pardonné la fuite d’Apollon ?

— Oh ! détrompez-vous. Je crois pouvoir affirmer que mon cœur n’a jamais gardé rancune à personne en particulier ; c’est pour cela que j’ai peut-être le droit de haïr beaucoup de chose en général.

— N’auriez vous pas pour les Coqs la même haine de préjugé que j’ai, moi, pour les Renards ? Je serais bien libre de vous faire un conte fantastique sur ceux-ci, comme vous m’en avez fait sur ceux-là. N’ayez pas peur, je m’en garderai bien ; et d’ailleurs, vous ne croiriez pas plus au mien que je ne crois au vôtre, parce qu’il est déraisonnable de se mettre en guerre avec les idées reçues, et de dire des absurdités que personne n’a jamais dites.

— Je voudrais, répliqua Breloque, qu’on me démontrât l’urgence d’être en accord parfait avec tout ce qui est reçu depuis le déluge et peut-être auparavant, quand on fait un conte, et de dire des absurdités que tout le monde a déjà dites.

— Nous pourrions discuter cela jusqu’à demain, et c’est ce que nous ne ferons pas ; mais permettez-moi de penser que si le Coq n’offre pas le modèle de toutes les vertus, si sa délicatesse, sa grandeur et sa générosité peuvent être