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DE PISTOLET.

Ainsi l’astre à la fleur du soir est secourable
Du haut de l’éternel séjour.


Je vous assure, maître, que ces vers improvisés à la lueur de la pâle clarté du suif, furent trouvés admirables. Les amis du poëte se récrièrent que cela était tout parfumé de passion. En vain, les linguistes, les Roquets, les Griffons, les Serpents Boas et non Boas, voulurent critiquer la coupe de ces vers, et ces rimes féminines heurtant des rimes féminines, et ces mots : cuisine, marmiton, accolés aux fleurs, à lustre, à l’éternel séjour, comme choses tout à fait dissemblables, il y eut clameur de haro sur ces malintentionnés, et même j’ai vu le moment où ils allaient être jetés à la porte à l’aide de Martin Bâton, sous-chef de claque du théâtre. Dites seulement à un musicien du Jardin des Plantes de mettre ces petits vers en musique, et faites-les chanter par la Girafe, vous m’en direz de bonnes nouvelles,

Du haut de l’éternel séjour.

Quand il eut bien chanté ces petits vers aux étoiles, au ciel bleu, à la brise du soir, à toutes les petites fleurs qui agitent leur tête mignonne dans la verdure des prairies, notre amoureux revient à ses jappements de chaque jour, en prose : « Zémire, Zémire, viens, dit-il ; viens, mon âme ; viens, mon étoile. Oh ! que je voudrais tant seulement