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Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/505

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UN VIEUX CHÂTEAU.

Ceci n’empècha pas que cette restauration bourgeoise fit grand bruit dans le pays, et beaucoup d’honneur au maçon qui avait si intrépidement mené à fin cette œuvre d’artiste.

Le reste fut heureusement abandonné, ou, pour mieux dire, sauvé.

Ce fut ainsi que ce pauvre vieux château perdit son caractère de vieux château, et qu’après avoir été habité autrefois par des comtes, par des princes, et peut-être bien par des rois, il était devenu une sorte de maison de campagne que ses nouveaux propriétaires daignaient à peine visiter.

Je l’ai dit, je suis née dans le grand portail de la cathédrale de Strasbourg, ce diamant de l’Alsace, entre les flammes de pierre qui soutiennent de leurs robustes étreintes l’image du Père éternel. Quand on a eu un pareil berceau, quand on a été élevée dans le respect des vieilles choses, on ne peut voir, sans crier au blasphème, l’impiété de ces Hommes qui détruisent effrontément le peu de bien que leurs pères avaient su faire.

Du reste, la partie restaurée avait trouvé des hôtes digne d’elle.

Elle était habitée par des Chouettes et par des Hiboux, qui, se voyant sur une terrasse toute neuve, se donnaient des airs de grands seigneurs, les plus risibles du monde, et se faisaient appeler sans pudeur monsieur le Grand Duc