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SOUVENIRS D’UNE VIEILLE CORNEILLE.


Un vieux Faucon


Ce superbe vieux mur entourait une cour vieille aussi. Une vigne-vierge embrassait de ses vertes pousses tout un pan de la muraille. Des scolopendres, des lys et des tulipes sauvages croissaient entre les marches d’un perron délabré qu’un lierre recouvrait en partie. Les humbles fleurs blanches de la bourse à pasteur, les bouton d’or, les giroflées jaune, l’œillet rougeâtre, le pâle réséda, les vipérines bleues et roses se faisaient jour entre les dalles et disputaient la terre aux mousses, aux lichens, aux graminées, aux ronces et aux orties.

Des gueules de loup, des perce-pierres et les touffes hardies des coquelicots couleur de feu, vivaient au milieu des décombres qu’elles semblaient enflammer.

Où l’Homme n’est plus, la nature reprend ses droits.

Cette vieille cour appartenait à un vieux Faucon qui n’avait pas grand’chose, parce que les révolutions l’avaient ruiné, mais qui donnait tout ce qu’il avait et vivait pauvrement, mais noblement, faisant volontiers les honneurs de sa cour aux animaux égarés ; aussi était-elle toujours encombrée de bêtes à toutes pattes, à tout poil et à toutes plumes, de Rats sans ressources, de Musaraignes et de Taupes attardées, de Grillons, de Cigales et autres musiciens sans asile ; quelques-uns même s’y étaient fixés à demeure. Les Pierrots n’y manquaient pas, et un Mulot très-entêté était parvenu, malgré toutes