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PROLOGUE.

que, pour les résultats, les doctrines du Sanglier différaient peu de celles du Cochon.


— Approbation aux extrémités. — Ici la Civette offre une prise de tabac à un vieux Castor. — Le Cochon, son voisin, se sentant perdre contenance, ferme les yeux et fait semblant d’éternuer. —


Qu’il avait été touché des honnêtes sentiments du Mouton et de la bonté de ses intentions ; « mais le monde est ainsi fait, qu’on peut dire que l’excessive bonté déconsidère. » Qu’il faisait observer au Mouton que son bon berger avait mené sa pauvre mère à la boucherie.


Le Mouton se jette en sanglotant dans les bras du Bélier, qui reproche au Renard son impitoyable raison. — Cette scène émeut péniblement l’assemblée. — Une Tourterelle s’évanouit dans les tribunes ; la Sangsue, sur l’avis de l’Hippopotame, lui pratique une saignée. — Le Pigeon Ramier dit, de façon à être entendu, que le manque de tact vient presque toujours du manque de cœur.


Le Renard insinue pour sa justification qu’il est fâcheux que toutes les vérités ne soient pas bonnes à dire ; il affirme que la politique sentimentale serait fort de son goût, mais il y a telle maladie qu’un régime anodin ne saurait guérir, et Machiavel enseigne, dans son livre du Prince, qu’il est des cruautés salutaires et miséricordieuses.

Il répond ensuite au Caméléon, qu’il n’y a point d’animal universel. Chacun a sa spécialité, et la spécialité du Caméléon étant de tout approuver, il ose espérer qu’il voudra bien le favoriser de son suffrage.