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Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/540

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SOUVENIRS D’UNE VIEILLE CORNEILLE.

Tout Lézard est un peu poëte ; il fit quatre vers pour célébrer ce beau jour, mais il les oublia aussitôt. Il était encore plus Lézard que poëte.

Enfin ils étaient mariés, et ils entrevoyaient des millions de jours fortunés.


VIII.


Que ne puis-je laisser là ces jeunes époux, puisqu’ils sont heureux, et croire à l’éternité de leur bonheur ! Que les devoirs de l’historien sont cruels quand il veut accomplir sa tâche jusqu’au bout !

Une fois mariée (on serait si fâché d’être heureux !) la Lézarde devint songeuse. Elle ne pouvait oublier que c’était au hasard, à un nuage, à une goutte d’eau qu’elle avait dû son mari. Sans doute quand il l’aimait, il l’aimait bien, mais il ne l’aimait pas comme les Lézardes veulent être aimées, c’est-à-dire à toute heure, et sans cesse et sans partage. Tant que le soleil brillait, elle ne pouvait avoir raison de son mari, car il appartenait au soleil, et quand il était une fois couché sur l’herbe à demi tiède, soit seul, soit avec un Lézard de ses amis, il ne se serait pas dérangé pour un empire.

La jalousie rend féroce quand elle est impuissante. — Que n’ai-je, avant de me marier, mangé seulement une demi-feuille d’hellébore ! disait-elle souvent. Dois-je l’écrire ? il lui arrivait quelquefois de regarder d’un œil