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Page:Scève - Délie, 1862.djvu/29

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DELIE. — I.


LOEIL trop ardent en mes ieunes erreurs
Girouettoit, mal cault, a l’impourueue :
Voicy (ô paour d’agreables terreurs)
Mon Baſiliſque auec ſa poingnant’ veue
Perçant Corps, Cœur, & Raiſon deſpourueue,
Vint penetrer en l’Ame de mon Ame.
Grand fut le coup, qui ſans tranchante lame
Fait, que viuant le Corps, l’Eſprit deſuie,
Piteuſe hoſtie au conſpect de toy, Dame,
Conſtituée Idole de ma vie.

II.

Le Naturant par ſes haultes Idées
Rendit de ſoy la Nature admirable.
Par les vertus de ſa vertu guidées
S’eſuertua en œuure eſmerueillable.
Car de tout bien, voyre es Dieux deſirable,
Parfeit vn corps en ſa parfection,
Mouuant aux Cieulx telle admiration,
Qu’au premier œil mon ame l’adora,
Comme de tous la delectation,
Et de moy ſeul fatale Pandora.

III.

Ton doulx venin, grace tienne, me fit
Idolatrer en ta diuine image
Dont l’œil credule ignoramment meffit
Pour non preueoir a mon futur dommage.
Car te immolãt ce mien cœur pour hõmage