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Page:Scapin maquereau, drame en deux actes par M. Albert Glatigny.djvu/32

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SCAPIN MAQUEREAU

PIGNOUFLARD

(La repoussant avec dégoût.)

Arrière !… Écoute-moi : le champ que l’on cultive
Ne se défriche plus !…

LUCINDE

(Plus tendre encore.)

Ne se défriche plusMon Pignouflard ! pourquoi
Me repousser ainsi ? Ah ! viens auprès de moi…
Ne te souvient-il plus de nos jeunes années,
De nos projets d’enfance et de nos destinées
Jointes étroitement, marchant du même pas.
Ensemble, comme on voit défiler les soldats ?

PIGNOUFLARD

(Avec une ironie méprisante.)

J’aurais, pour mon malheur, aussi pu naître femme…
J’aurais pu, comme une autre, être vile, être infâme !
Courir le guilledou jusqu’au Coromandel !
Mais ne fusse jamais entrée en un bordel !…

LUCINDE

(Soupirant.)

Hélas ! ce que Dieu veut…
Hélas ! ce que Dieu veut…Oui, c’est une loi dure !
Mais je n’eusse jamais tenté cette aventure