Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/157

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Si d'ailleurs je pouvais par quelque bon office

Qui dépendît de moi, vous rendre du service,

Dessus moi vous avez un absolu pouvoir.

Le Comte

Monsieur, vous avez fait en tout votre devoir,

Laissez-nous ici seuls, et qu'on sache à la porte [1335]

Que je n'empêche point que Dom Pedre sorte.

Le Prévôt

L'ordre est déjà donné.

Le Comte

Laissez-nous donc ici.

Dom Pedre

Je suis fâché de voir que l'on vous traite ainsi :

Mais fiez-vous en moi ; Je vous donne parole,

De vous faire passer au travers de la geôle [1340]

Sans que d'aucun Geôlier vous soyez arrêté.

Le Comte

Je me croirais par vous comme ressuscité :

Car enfin, je me meurs de regret et de honte,

De ce qu'on peut penser que je fais peu de compte

De garder ma parole, alors que j'ai promis, [1345]

Moi, qui la sais garder même à mes ennemis.

Je me bats aujourd'hui, puisqu'il vous faut tout dire,

Et dans une heure ou deux, tout au plus tard expire

Le temps que je me dois trouver au rendez-vous :

J'y manque, on m'emprisonne, et tout cela pour vous. [1350]

Mais quel pouvoir, Dom Pedre, avez-vous sur la porte.

Dom Pedre

Pourvu que vous sortiez, Comte, que vous importe

Comment vous sortirez. Je vous ferai sortir ;

Mais à condition, de ne se départir

D'un ordre très exprès, qu'il faut que je vous donne. [1355]

Le Comte

Je ne manquai jamais de parole à personne.

Dom Pedre