Si d'ailleurs je pouvais par quelque bon office
Qui dépendît de moi, vous rendre du service,
Dessus moi vous avez un absolu pouvoir.
Monsieur, vous avez fait en tout votre devoir,
Laissez-nous ici seuls, et qu'on sache à la porte [1335]
Que je n'empêche point que Dom Pedre sorte.
L'ordre est déjà donné.
Laissez-nous donc ici.
Je suis fâché de voir que l'on vous traite ainsi :
Mais fiez-vous en moi ; Je vous donne parole,
De vous faire passer au travers de la geôle [1340]
Sans que d'aucun Geôlier vous soyez arrêté.
Je me croirais par vous comme ressuscité :
Car enfin, je me meurs de regret et de honte,
De ce qu'on peut penser que je fais peu de compte
De garder ma parole, alors que j'ai promis, [1345]
Moi, qui la sais garder même à mes ennemis.
Je me bats aujourd'hui, puisqu'il vous faut tout dire,
Et dans une heure ou deux, tout au plus tard expire
Le temps que je me dois trouver au rendez-vous :
J'y manque, on m'emprisonne, et tout cela pour vous. [1350]
Mais quel pouvoir, Dom Pedre, avez-vous sur la porte.
Pourvu que vous sortiez, Comte, que vous importe
Comment vous sortirez. Je vous ferai sortir ;
Mais à condition, de ne se départir
D'un ordre très exprès, qu'il faut que je vous donne. [1355]
Je ne manquai jamais de parole à personne.